Entre gigantisme et intimisme, Cecil B. DeMille revisite à sa façon grandiloquente une histoire biblique bien connue. Le film connut un immense succès commercial tout en suscitant la risée de la critique. Dans le genre pompier assumé, c’est pourtant une réussite, avec une poignée de séquences d’anthologie, dont le combat à mains nues contre un lion d’un réalisme impressionnant ou la scène d’une grande violence où Samson défait une escouade de Philistins en se servant d’une mâchoire d’âne, sans oublier le faramineux final où le héros repousse les deux colonnes porteuses du temple jusqu’à provoquer l’écoulement du gigantesque édifice sur la foule des spectateurs venus assister à l’humiliation du héros hébraïque. Mais au-delà de la légende édifiante, le film met l’accent sur l'histoire d’amour fou autodestructrice entre la perverse et fascinante Dalila, sublimement incarnée par Hedy Lamarr, et le placide colosse campé par Victor Mature, sous le regard imperturbable d’un George Sanders parfait en dictateur désabusé. C’est délicieusement pervers et kitsch à souhait.