Grandir

L'effet est le même.
Pour la suite de A quiet place, John Krasinski ouvre son univers et ses personnages à l'inconnu et il nous mène, avec la même tension et un sens du jumpscare efficace, vers une nouvelle destination. Sobrement intitulé, A quiet place Part II (Sans un bruit partout en français), le film reprend l'intrigue immédiatement là où nous nous étions arrêté après une brève introduction en mode flashback sur le premier jour de cette nouvelle vie. Un moyen de replacer le contexte, d'exposer le contrat, de donner quelques clés à ceux qui n'auraient pas vu la première partie, de rappeler à notre bon souvenir les absents malheureux de cette suite qui manqueront bien évidemment aux survivants, et d'y introduire le nouveau venu en la personne de Cillian Murphy.

On retrouve donc les survivants de la famille Abbott tout juste écorchés vifs par les événements qui leur ont tant coûté. Entre un incendie et une inondation, les voilà contraints de prendre la route, dans l'urgence, et de repousser les limites de cette ferme, unique point de repère, où ils survivaient jusqu'ici.
Une idée séduisante d'ouverture qui nous fait sortir des espaces confinés sans pour autant les abandonner complètement et qui ne délite en rien le caractère anxiogène de la menace à laquelle ils font face. Bienvenue dans un monde silencieux.

Sur le fond, John Krasinski continue d'accorder de l'importance à ses personnages tout en les faisant évoluer. Les liens qui les unissent permettent de donner une force à l'ensemble qui va au delà du simple environnement suffoquant dans lequel ils s'évertuent à survivre et espérer.
Ainsi, si le premier opus pouvait se résumer au terme "naître", c'est "grandir" qui se prête le mieux aux événements qui les attendent et à leur manière de les affronter.
Après s'être retranchés derrière leurs parents avec les conséquences que l'on connait, on va donc découvrir deux enfants prêts à prendre leur responsabilité. Ainsi le scénario vient à la fois jouer sur la continuité du huit clos tout en s'aventurant vers l'inconnu avec un objectif allant plus loin que la simple survie et l'acceptation de son sort en tant que proie facile.
Après la (tentative de) protection et de sentiment de sécurité que s'évertuaient à apporter les adultes, c'est secondé par un adroit procédé de superposition des événements que John Krasinski met à l'honneur l'envie de vivre et l'espoir de ses gosses dans un monde qui n'en recèle plus, comme en témoigne une nouvelle menace habituée des films post-apocalyptiques.

Digne suite de son prédécesseur, de mon point de vue, A quiet place part II ne surprendra pas les spectateurs qui s'étaient déjà laissés prendre au jeu du roi du silence. Si vous avez été sensible à l'ambiance et aux personnages, vous vous aventurerez donc en terrain connu et dangereux avec le même plaisir qu'il y a 3 ans.