La presse à scandale

Une critique à chaud.

Entre la sortie de "Chien enragé" et celle de "Rashomon" se trouve Scandale. Les moyens furent tout aussi limités à cette période, peut-on parler de bouche-trou à ce propos ? Une appréhension de ma part, car oui, il s'avère moins imposant que les illustres classiques de Kurosawa. Cependant, les qualités de metteur en scène de ce dernier se réitèrent ici, et le sujet abordé qu'est la presse à scandale reste d'actualité.

Dans tous ses films, le cinéaste éprouve une sensibilité pour certains sujets, il revient souvent sur des phénomènes de société, il s'en préoccupe sincèrement. Scandale est une histoire impliquant des médias, on suit un trio de personnages notamment composé de Toshiro Mifune qui doit jouer un peintre de renom. Celui-ci va faire, par hasard, la rencontre d'une célèbre chanteuse interprétée par Yoshiko Ōtaka. Tout deux vont se retrouver au milieu d'un coup monté, une sorte de supercherie qui met en avant le fait que les deux individus tissent une liaison amoureuse... Victimes de paparazzis impitoyables, ils ne vont pas attendre longtemps avant qu'un avocat les rejoigne, mais pas n'importe lequel. Un avocat visiblement lâche, tourmenté et qui va se révéler être la pierre angulaire de différents éléments. Ses affaires personnelles vont rentrer en jeu, ce qui complique les rouages du traitement sur le sujet de base.

Les dialogues sont résolument sobres, lisses et dans le ton escompté. Cela concorde avec la déficience de profondeur du film qui est un cran en-dessous dans l'ensemble des travaux d'Akira. Il propose tout de même de grands moments, impossible que ce ne soit pas le cas étant donné le chef du projet et les thèmes abordés tels que l'atteinte à la vie privée et le sens moral du bon citoyen à l'encontre d'une justice qui n'est pas toujours "juste". Je parlais précédemment d'un avocat, revenons-en à lui, le nom de l'acteur qui se cache derrière est Takashi Shimura. Il est parfait dans son personnage affaibli, au point que j'ai eu envie de rentrer dans l'écran pour lui donner un coup de pied au cul et ainsi le remotiver. C'est dire la conviction de l'acteur, il est fort. Ce n'est pas seulement les ravages de la presse qui sont portés à la réflexion, c'est la déchéance morale de cet homme qui influe sur le reste.

Une histoire simple aux premiers abords révélant rapidement des personnages complexes. Du Kurosawa. Pas le meilleur qu'il ait fait, mais l'humanisme est une nouvelle fois le point central de la réflexion, si vous voulez un Kuro d'après-guerre qui parle des médias à problèmes, et qui offre des scènes de prétoire brillantes, vous n'avez pas beaucoup de choix qui se posent à vous : Scandale.