Un film toujours d'actualité et réussi - tout sauf un Kurosawa mineur

70 ans après son tournage, «Scandale» reste d'une brûlante actualité. Avec son acuité habituelle, Akira Kurosawa y évoque les dégâts d'une presse vampirisant la vie privée des gens pour générer du profit et avilir ses lecteurs, à l'aide de méthodes toujours utilisées de nos jours, à savoir la falsification, le mensonge et la diffamation.


Un jeune artiste (Toshirô Mifune) peignant sur le flanc d'une montagne se propose de reconduire sur sa moto une jeune inconnue égarée (Shirley Yamaguchi). Hélas, il ignore que c'est une célèbre vedette de la chanson et que des journalistes peu scrupuleux les ont suivis, les photographiant à leur insu et répandant dans la presse à scandale la fausse rumeur de leur liaison.


Les deux jeunes personnes font alors appel à un avocat (Takashi Shimura, dans l'un de ses plus grands rôles, particulièrement complexe et émouvant) pour les défendre devant un tribunal. Mais leur avocat s'avère complètement corrompu par la partie adverse, lâche et faible, miné par la maladie qui ronge sa fille (lumineuse Yôko Katsuragi), qu'il aime par dessus tout.


Le récit s'oriente alors vers le combat de l'avocat véreux contre lui-même et les journalistes qui l'ont soudoyé pour perdre le procès. « Scandale » est donc bien plus qu'un plaidoyer contre la presse de caniveau, c'est aussi une bouleversante réflexion sur la confiance et la dignité de l'homme face aux tentations diverses et aux aléas de la vie. Une réflexion sur l'éthique individuelle doublée d'une chronique sociale, un des genres de prédilection de Kurosawa, digne héritier de Dostoïevski.


Comme toujours chez Kurosawa la mise en scène est moderne et sublime, la photographie et le montage sont parfaits... Tous les ingrédients de ce long métrage en font une œuvre touchante et passionnante, un film essentiel et hélas, bien trop méconnu dans la filmographie du cinéaste nippon. Quel dommage que ce long métrage soit aujourd'hui introuvable dans le commerce, une réédition s'impose !


Critique à retrouver sur mon blog ici.

ArthurDebussy
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le 1 août 2020

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Arthur Debussy

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