Sans pitié

Le premier "Scream" traitait de la mise en abyme. Et si la vie n’était finalement qu’un long film mélangeant tous les genres ? Mais cet angle de vue ne lui faisait pas perdre sa nature horrifique. "Scream" faisait peur, au moins la première fois.

"Scream 4" ne fait pas peur parce que ce n’est pas un film d’horreur, et ne prêtant pas l’être. Sous ses allures de navet à numéro, il donne un portrait sans concession de ceux qui sont nés la même année que "Scream" premier du nom. Que s’est-il passé entre les deux films, mis à part deux autres films ? Des milliers, voire des millions d’américains ont vu le jour, ont grandi, et tentent aujourd’hui tant bien que mal de devenir des individus à part entière.

Selon Wes Craven, cette tentative est un échec cuisant. Les ados d’aujourd’hui sont des organismes qui marchent, mais qui ne fonctionnent pas. L’identité leur est défendue, au prix de la publicité, cynique et égocentrique. Les personnages de "Scream" sont des dinosaures à l’heure du numérique. Les règles ont changé, comme l’explique l’un des personnages dans son monologue, synthèse parfaite de ce vers quoi la nouvelle génération se dirige. Pas d’idées, pas de livres, pas de films. Seulement l’internet et la célébrité. Tout cela ne présage rien de bon…