Adoré par la critique américaine, ce « Selma » n'a pourtant rien du chef-d'œuvre annoncé. C'est souvent académique, parfois poussif et pas toujours d'une grande rigueur dans l'évolution du récit. Reste que le sujet se suffit à lui-même pour qu'on s'intéresse un minimum aux événements, d'autant qu'on a le sentiment d'apprendre des choses sur une époque évidemment passionnante, faisant qui plus est un minimum écho à l'Amérique d'aujourd'hui (premier Président noir bien sûr, mais aussi et surtout les hallucinantes violences policières concernant cette communauté).
Du coup, sans être passionnant, le film d'Ava DuVernay a tout de même un côté attachant, ne cédant pas trop au manichéisme pour nous présenter de façon concrète le long et difficile combat de Martin Luther King et ses alliés pour les droits civiques, notamment à travers la relation complexe qu'il entretenait avec Lyndon B. Johnson, alors embourbé dans la Guerre du Viêt Nam. Pas du grand cinéma donc, mais appréciable dans le fond et pouvant compter sur un beau casting (Tom Wilkinson et bien sûr David Oyelowo en tête) : c'est toujours ça de pris.