Même envisagé indépendamment de la série-mère, le long métrage qui clôture Firefly reste un des tous meilleurs films SF estampillés "aventures intersidérales" de tous les temps. Malgré une dernière partie plus convenue et un peu mollassonne, malgré "la-séquence-que-vous-savez-qui-vous-fait-regretter-d'avoir-vu-le-film", malgré l'absence quasi-totale de musique western, malgré l'ajout de bruitages dans les scènes de combats spatiaux pour ne pas perturber l'habitué des salles obscures, Serenity brille par son script intelligent, sa mise en scène cinématographique maîtrisée (rares sont les réalisateurs de séries qui savent franchir le cap, n'est-ce pas Chris Carter ?) et ses dialogues toujours aussi enlevés.
Bourré de morceaux de bravoure, de séquences jubilatoires, de traits d'humour géniaux et d'effets numériques réussis (bien plus que ceux qu'on donne à voir actuellement), le film tourne joliment la page sur un des plus beaux actes manqués de la télé américaine.
On en débarque un peu amer, mais bigrement heureux d'avoir tenté la traversée.
Last but not least, c'est également sur le plan du design que Firefly et Serenity se distinguent avantageusement de leurs homologues, ridiculisant par l'exemple quinze ans de professionnels du jeu vidéo. Tant pis pour les mecha-designers nouvelle école fiers d'aligner leurs coursives high-tech et leurs vaisseaux profilés, qui passent à côté de l'essentiel comme on pourrait louper un éléphant dans un couloir avec un lance-roquette. Un essentiel dont, pourtant, même George Lucas avait su tirer parti : un design réussi n'est pas un design pensé jusqu'à la tuyère d'évacuation du conduit latéral de sécurité, ou sur lequel on collerait un millier de filtres, de reflets ou d'effets lissants. Un design réussi est, à l'opposé, un design usé, un design qui a vécu. Pas l'équivalent intergalactique du pavillon témoin ou de la Kangoo de démonstration.
Une ultime victoire, donc, mais non des moindres, pour l'équipage le plus sympathique de tous les temps.