Et finalement on continue un peu avec Sidney Lumet, j'ai décidé de regarder Serpico qui me faisait de l'oeil depuis un moment. Réalisé deux avant Dog Day Afternoon, si c'est également un biopic avec Al Pacino, ce sont bien les seuls points communs.
Oubliez le huis clos, cette fois ci le film s'étale sur pas moins d'onze années.

Un très longue période qui va nous permettre de développer comme il se doit la vie de ce fameux Serpico. D'abord présenté comme un jeune flic ambitieux qui va très vite avoir la particularité de s'habiller en civil pour traquer les délinquants. En multipliant les accoutrements les plus farfelus, tantôt proche d'un membre des Village People, tantôt Hipster avant l'heure.
Cependant, l’élément prédominant qui va rapidement prendre la pas sur le reste et servir de fil conducteur de ce récit est tout autre. Seul flic honnête de la ville, Serpico exècre cette corruption dominante, et ne comprend pas comment elle a pu infecté de cette manière les différentes unités de New York.

C'est avec tristesse et empathie que nous allons suivre les innombrable tentatives vaines et désespérées de Serpico pour mettre fin à ce phénomène qui pourri le système judiciaire de l'intérieur. Et de constater les répercussions sur sa vie personnelle se confrontant toujours à un obstacle plus puissant, chaque fois qu'il entrapercevait une lueur d'espoir. En prenant conscience qu'il ne parviendra jamais à faire tomber les gros pontes, l'obsession de Serpico à fleur de peau, ne fera que s'amplifier au cours du récit. On assiste alors impuissant à cette descente en enfer, difficile à vivre pour nous spectateurs, déchiré par l'injustice qu'il vit. Au fond, il s'agit juste d'un homme qui n'aspirait qu'à une chose, que sa profession, celle qui le faisait rêver gamin, celle qui respecte plus que tout, soit effectuée correctement.

Grâce à sa réalisation exemplaire et audacieuse, Sidney Lumet nous offre une nouvelle fois un film qui transpire de réalisme. On pourra lui reprocher quelques longueurs mais le réalisateur n'a jamais besoin d'user d'artifice ou de surenchère pour maintenir notre intérêt.
Magnifié par un Al Pacino au sommet de sa forme qui m'a énormément touché dans ce rôle de flic attristé et déchiré par cette profession souillée par le vice et la corruption.
On tient un très grand crû qui mérite fortement qu'on s'y intéresse si ce n'est pas déjà fait.

Créée

le 2 août 2013

Modifiée

le 2 août 2013

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