Comédie ou action ? Le dilemme de Guy Ritchie
Après un premier opus d'excellente facture, Guy Ritchie replonge dans les aventures de Sherlock Holmes. Ce deuxième opus promettait d'être palpitant par la présence de l'ennemi redouté de Sherlock Holmes, véritable génie du crime, le professeur Moriarty.
Premièrement, nous ne sommes pas dépaysés. Nous sommes dans la continuité du premier volet que ce soit par l'ambiance (très gothique), le duo d'acteurs (Robert Downey Jr. et Jude Law) ou la musique d'Hans Zimmer toujours aussi agréable (cet homme, comme John Williams, a le don de trouver de supers thèmes). Nous ne sommes pas non plus surpris par la mise en scène nerveuse de Guy Ritchie et pourtant, c'est là que le bât blesse. Car, cette fois-ci, il ne semble plus y avoir de limites à sa folie visuelle. Nous ne sommes pas loin de l'indigestion tout le long du film. Et finalement, elle arrive irrémédiablement dans la scène de la forêt. Une éternité de vomissure visuelle où tout est filmé au ralenti, où tout est nerveux, où tout explose... Un fouillis déplorable, synonyme de néant cinématographique.
Heureusement, les autres éléments du film sont très bons, à commencer par le duo Sherlock Holmes / Docteur Watson. Sauvé par George Clooney (« Good night and good luck » en 2005) et David Fincher (« Zodiac » en 2007), Robert Downey Jr. est redevenu l'un des plus grands acteurs américains actuellement. Déjà génialissime dans la peau d'Iron Man, il trouve ici un autre rôle à sa mesure. Il est sans doute encore meilleur que dans le premier opus grâce au développement de la relation entre lui et Watson. Leur complicité (acteurs et personnages) crève l'écran et on se rapproche de plus en plus de la relation voulue sir Arthur Conan Doyle (une relation ambigüe, sorte d'homosexualité refoulée). Leurs dialogues sont hilarants et les situations très comiques. La grande force du film tient dans ces deux personnages.
Cette monopolisation par ces deux acteurs a cependant un défaut. Les autres personnages sont complètement délaissés et abandonnés. Si on peut sauver Stephen Fry, les autres sont totalement absents. Je passerai sous silence les performances de Rooney Mara et de Rachel McAdams et surtout du traitement de leurs personnages par les scénaristes. En revanche, difficile de se taire sur le professeur Moriarty incarné par Jared Harris. Si l'acteur n'est pas impérial, il doit aussi composer avec une présentation du personnage pas très bien construite. Sans grande profondeur, son esprit génial est quelque peu mis en retrait et on est à des années lumières de la carrure romanesque imaginée par Arthur Conan Doyle.
Cette suite est donc quelque peu décevante. Si l'intrigue avance à tambour battant, elle se perd dans les folies visuelles et sonores du réalisateur qui estime n'en avoir jamais fait assez dans la surenchère. Dommage, car quand il filme les dialogues comiques du duo magistral qui porte le film sur ses épaules, Guy Ritchie est autrement plus intéressant. Comédie ou action ? Il va falloir qu'il choisisse et pour le bien être de sa carrière, je lui conseille de pencher pour le premier genre.