Shrek a tout vu tout fait, il a sauvé une princesse des griffes d'une dragonne, un royaume d'un prince vengeur et il a eu la bonne idée de faire des marmots. Trois ! Autant qu'il y avait d'épisodes de Shrek, mais dans cette quatrième itération de l'ogre vert, pas question de faire un gosse supplémentaire. Au contraire, Shrek ne se sent plus Shrek, plus précisément, il ne se sent plus ogre. La plèbe lui demande de signer des autographes ou de faire son rugissement, ce spectacle désolant lui fait regretter le jour où il a sorti la princesse de cette tour.
Tandis que dans les ruelles de la cité de Fort Fort Lointain, Tracassin, un gnome qui se voyait roi, regrette le jour où Shrek sauva la princesse car c'est ce jour-là, que la vie de ce petit gnome bascula d'un futur prospère à celui d'un fouille poubelle. Lorsque ces deux âmes en peine se croisent, chacun s'offre une journée, l'un veut revivre une journée d'ogre, l'autre veut éliminer celui qui a causé sa faillite. Shrek ne tarde pas à comprendre qu'il s'est fait avoir quand il découvre qu'il n'a jamais sauvé la princesse, que l'Âne n'a pas rencontré la dragonne et que le chat potté ressemble davantage à un chat potelé. Shrek n'a qu'une journée pour remettre sa vie dans l'ordre, une petite journée qui pourrait bien s'avérer trop courte. Shrek 4 annonce clairement la fin de l'aventure, par son titre notamment. Il était une fin. Mais la fin pourrait ne pas être si heureuse que ça, c'est encore une fois le rouage utilisé par Shrek et l'univers de conte de fées dont il s'inspire. Shrek 4 est l'épisode le plus sombre de la série, l'ogre le plus charmant de la région se retrouve seul, personne ne se souvient de lui, et pourtant, il a 24 heures pour se sortir du pétrin dans lequel il s'est fourré. Terriblement seul, il doit reconstituer la fine équipe qui s'était formée autour de lui.
Shrek 4 est plus adulte mais continue de nous replonger dans notre enfance avec ses sorcières, les trois petits cochons, p'tit biscuit, Pinocchio et tous les autres. On pourra accuser Dreamworks d'un certain conformisme, mais ils ont fait de Shrek un personnage drôle et attachant. Bien en dessous des personnages inventés par Pixar mais le premier film mérite à lui seul de vous pousser à voir la fin. Si Shrek 3 pouvait s'avérer décevant aux yeux de bon nombre d'entre nous, Shrek 4 relève le niveau. Dans le fond, cet ogre n'avait pas la prétention de réinventer le film d'animation, ni de transformer notre sourire en celui de Joker avec des blagues nouvelles. Non, il voulait seulement nous rappeler avec joie ce qui a fait notre enfance, en parodiant tout ça. Les blagues, nous les avions tous dans la tête, Dreamworks en a fait un film. Bien avant eux, des tas d'enfants s'étaient demandés ce qu'il se serait passé si la princesse tombait amoureuse d'un ogre, si les méchants gagnaient. C'est vrai, les studios ont été trop loin et l'histoire était davantage faite d'argent que d'amour du cinéma. Soit, mais ne snobons pas ce Shrek 4 qui signe la fin d'une belle aventure. Meilleur que le troisième, avec un humour qui tente de renouer avec le premier et une réalisation technique plutôt réussie, le premier film d'animation en 3D qui me parle un peu, avec des corps qui sortent de l'écran. Ce n'est pas encore la grande joie, on est loin d'un Avatar qui a lui aussi ses défauts (flou) mais le travail apporté est soigné.
Shrek 4 ne vous fera pas hurler de rire certes, mais si vous avez aimé les trois premiers, vous ne serez pas déçu. Si vous trouviez en revanche que notre bonhomme vert aux oreilles de trompettes était sur la pente descendante, alors peut-être faudra-t-il s'abstenir. Il y a longtemps que je ne place plus Dreamworks en concurrent de Pixar, c'est pourquoi j'ai plutôt apprécié de revoir une dernière fois Shrek.