Shrek le Troisième par Lopocomar
Après un premier volet entièrement dédié à la reprise des contes de fées sous fond d'ode à la différence, Shrek 2 nous sortait la carte du monsieur plus. Personnages, scènes d'actions, références cinématographiques, chansons, tout était surdimensionnée pour un résultat plutôt fun. Malheureusement, une intrigue un poil gnian-gnian gâchait le plaisir en s'attardant trop sur un ogre rechignant à se marier avec sa princesse de femme. Partant sur de nouvelles bases, le nouvel opus reprend directement là où on s'est arrêté précédemment.
A savoir que Shrek vit avec Fiona à Fort Fort Lontain avec l'âne et sa marmaille ainsi que le fameux chat pôtté, dont on attend toujours le spin-off d'ailleurs. Le roi étant une grenouille prête à chuter de son nénuphar, il faut un successeur. Et c'est le gros qui doit s'y coller. Bien évidemment, péripétie scénaristique oblige, il ne veut pas. Il va donc devoir aller chercher Arthur, l'autre héritier ayant la possibilité de se poser sur le trône.
Et là, le bât blesse. Si l'histoire tient la route sur le papier, elle ne fait pas pour autant un film très consistant. Premièrement, Shrek c'est des blagues. Et on ne peut pas dire que ce volet soit hilarant. Quelques répliques bien senties montrant que le double niveau de lecture cher à la série n'a pas été oublié, mais le nombre est ici bien moins élevé qu'à l'accoutumée. A croire que les auteurs ont cru bon de favoriser le scénar à l'humour et au rythme. Le spectateur ne sait donc pas sur quel pied danser. Si par moments, on se surprend à rire, on a plus l'impression de mater un film proche du road movie plutôt qu'un Shrek. Le temps passe vite mais ce n'est pas forcément un compliment.
Le film tente tout de même de relancer l'intrigue d'un ensemble un brin molasson avec des échanges de corps et autres stratagèmes rappelant l'humanisation de Shrek dans le deuxième mais rien de bien transcendant ou révolutionnaire. On se retrouve là avec quelque chose de bancal entre la moquerie des personnages de contes de fées -Raiponse, Blanche-Neige, Cendrillon, Crochet sont au casting- du premier et l'humour enlevé du second. Malgré ce mélange, cet épisode manque de personnalité et de caractère. On sent le manque d'inspiration et que les créateurs se reposent tranquillement sur leurs lauriers. Ils déroulent la recette « Blague + Morale + Chant = Rires » à plusieurs reprises en pensant toucher juste mais le tir est parfois bien loin de la cible...
Drôle de film que ce Shrek 3 qui déçoit sans déplaire. La faute à un Arthur anti-charismatique, une quête légère et un Prince Charmant aussi méchant qu'un facteur tapant à votre porte pour vous vendre son calendrier. Tout ça à cause de deux enfoirés trop blonds... ( attention une référence à un film de qualité se cache dans cette phrase)
Plus qu'à espérer que la prochaine fois, le cap de la différence et de la paternité étant passés, que les auteurs ne se prennent pas une nouvelle fois pour les défenseurs de la bonne morale à deux balles.
Sale temps pour les blockbusters qui, décidément, n'aiment pas le chiffre 3 cette année après un Speederman qui s'emmêle dans ses toiles et un Pirate des Caraïbes proche du naufrage.