Film à suspense voguant sur cette mode sans cesse croissante de l’épouvante, Sinister aurait pu être écrit par Stephen King en personne. Certes l’histoire de cet écrivain déménageant de ville en ville à la recherche du scoop qui lui fera accéder à la postérité n’a rien d’original mais la magie opère quasiment à chaque fois. Le bon filon donc quand il s’agit de faire un film de genre qui attirera les foules facilement dans les salles. Seulement voilà, depuis l’arrivée sur le marché du phénomène de mode appelé Found Footage né avec Cannibal Holocaust dans les années 80, repris par Le Projet Blair Witch plus de dix années après et enfin devenu un modèle incontournable suite au succès surprise de Paranormal Activity, il est de plus en plus rare de se retrouver face à un film d’épouvante sortant de l’ordinaire.

C’est en puisant dans la filmographie de ses mentors que le réalisateur Scott Derrikson (Le Jour où la Terre s’arrêta, L’Exorcisme d’Emily Rose) est parvenu à nous surprendre. En effet, c’est essentiellement le côté Old School de Sinister qui séduira le spectateur ou au contraire le rebutera. Les aficionados du Found Footage crieront au canular tandis que les amoureux d’un cinéma de genre plus traditionnel ne pourront qu’apprécier les nombreux clins d’œil à des géants comme John Carpenter ou Wes Craven. Vous voilà donc prévenu.

L’histoire somme toute basique laisse cependant place à une atmosphère pleine de mystère divinement mise en scène. En cela la première partie est d’une justesse à toute épreuve. Scott Derrikson, sans doute bien conseillé par ses scénaristes, a eu la finesse d’esprit de ne pas jouer la carte du paranormal d’emblée. Sinister débute comme une sorte de 8MM (mais si rappelez-vous, le film de Joel Schumacher avec un Nicolas Cage plongeant dans les coulisses du porno et du Snuff) dans le monde de l’écriture et de ce perpétuel besoin d’accéder à la postérité. Résultat des comptes, le doute plane sans cesse quant à l’apparition, ou non, du fantastique. Pour ma part, rester dans un thriller aurait accentué cet aspect malsain dont transpire le film durant la totalité de sa première partie. Aspect malsain rendu d’autant plus glauque avec le visionnage de nombreuses vidéos d’un sadisme absolu.

Grand bien te fasse très cher Derrikson d’avoir opté pour cette première partie puisque Sinister n’a que très peu d’intérêt lorsque les vilains fantômes pointent le bout de leur museau ! La faute à quoi ? Rien de concret n’est à reprocher si ce n’est cette impression d’avoir vu et revu sans cesse les mêmes scènes, au même moment et dans le même terrain de jeu. Rien de bien croustillant donc mais les moins aguerris sursauteront surement ici et là. Un bon point pour eux.

Sinister fait partie de ces films frustrants laissant présager le meilleur avec un potentiel indéniable se faisant gangrener par un phénomène de mode auquel tous les réalisateurs sans personnalité veulent se rattacher pour espérer enfin toucher du doigt le succès. Dommage puisque entre les mains d’une âme plus professionnelle et surtout plus téméraire, Sinister aurait eu une toute autre saveur. En découle un film de genre parfait pour les néophytes et personne d’autre. Quand on sait que c’est ce même réalisateur qui va s’atteler au projet d’adaptation de Deux Ex, la peur ne peut que monter d’un cran.

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Auteur : Wesley
LeBlogDuCinéma
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le 31 déc. 2012

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