Ca roucool dans la sacristie...

Sister Act est assez étrangement un film qui a marqué une génération (les nouvelles se désolidariseront complètement de cet objet qui ne présente, disons le, plus aucun lien avec le monde réel), continuant donc de profiter d'une certaine indulgence pour persister dans les mémoires. Il n'y a pas à chercher ici de surestimation ou de rabaissement justifié. Sister act est une gentille histoire morale qui traite de l'habit religieux comme un simple habit, où everybody feels good sans que personne n'y soit malsain ou torturé (les deux compères du mafieux crédules et superstitieux qui sont des véritables nounours), dans le civil ou dans les ordres. Basique rime ici avec simple, et à cette image, il n'y a plus que l'esprit rock'n roll pour prétendre apporter un pétillement de vie là où il n'y en a aucune (tout le monde est à sa place, l'ordre est établi et chacun s'en sataisfait, sans éclat toutefois). Ayons l'air de vivre vraiment plutôt que vivre simplement, ce qui revient à dire vivre en faisant du bruit. Dans cette optique, Sister act assume son rôle et s'y plie avec brio, sans égratigner la moindre autorité (l'Eglise est complètement dépolitisée ici, seule la spiritualité de façade est convoquée, et même quand les plus hautes instances sont présentes, c'est pour claquer des mains et des pieds). Sister act ne prétendait pas faire plus, et en l'état, il atteint ses objectifs haut la main. La performance d'Harvey Keitel, lisse, est à cette image, puisque l'intérêt n'est pas dans le caractère de ses personnages. Sister Act est un petit simulacre qui consacre le vide d'une aura de Sacré, alors qu'il est assez évident que la religion ne signifie pas grand chose pour lui, sinon une tradition à honorer qui se transforme, de temps en temps, en planche de salut, et non en croix. Harvey expiera cette impiété la même année dans l'un des plus mémorables films de ripoux jamais réalisé...