Bon, après trois visionnages en trois jours, fallait quand même que je me colle à l'exercice de la critique... !

(Attention, la suite sera manifestement ponctuée de spoilers)

Commençons par les défauts, qui selon moi, sont peu nombreux. Le premier, tout d'abord : ancré dans notre époque, la scénario de Skyfall développe non plus la menace de la guerre Froide, mais celle du piratage informatique. Et comme souvent dans les films / séries TV qui tentent de nous parler d'ordinateurs, de serveurs et de hacking, il y a ce petit côté abracadabrant, presque trop aisé et donc irréaliste qui pointe le bout de son nez. Sans vouloir surestimer le MI6, je reste tout de même étonnée de la facilité dont un seul homme (le méchant du moment, Silva, interprété par Javier Bardem) fait imploser à multiples reprises leur système informatique (sensé être hyper-sécurisé). De même, j'avoue avoir été affligée par l'inconscience de Q lorsqu'il connecte la bécane de l'ennemi directement au réseau interne... D'aucuns me feront remarquer que ce sont des détails, sans aucun doute très secondaires, et c'est, il me semble, un souci inhérent à tout film traitant d'informatique... Il n'empêche que ça m'a un peu titillé.
Second défaut mineur : les motivations, un peu légères, de Silva, et surtout l'abondance de moyens mise en oeuvre par rapport à celles-ci. Ne nous voilons pas la face : l'ex-agent a juste envie de se venger de sa "maman" adoptive. Durant le film, j'aurais eu envie de lui dire qu'un bon fusil sniper, c'est quand même plus rapide et efficace que des opérations de hacking à répétitions, la récupération d'une île, le montage d'une fausse évasion et une confrontation théatrale dans une cour de justice, mais bon... Son excuse, c'est tout de même qu'il est LE méchant de James Bond par excellence, défiguré, fou de vengeance, adepte de sadisme et manifestement en recherche d'attention. En cela, on peut tout lui pardonner.

J'en ai terminé avec les points négatifs.

La force de Skyfall repose justement sur le fait d'avoir réussi à associer au sein d'un même espace les préoccupations de notre époque et l'hommage à la série. Les clins d'oeils sont nombreux (de la réplique à l'Aston Martin, en passant par la ré-introduction de personnages emblématiques tels que Q ou Moneypenny) mais restent subtils et servent l'intrigue.
Par l'esthétisme de plusieurs scènes (le combat au sein d'un building en verre éclairé par les néons de Shanghai ; l'arrivée au casino de Macau ; l'approche de l'île de Silva en bateau ; le domaine de Skyfall en flammes ; etc), et le glamour des interactions entre les personnages, on retrouve ce qui faisait le charme des James Bond passés.
La soundtrack se prête aussi à l'exercice, en alternant morceaux instrumentaux modernes et thème traditionnel du héros.
L'humour, oublié depuis longtemps il me semble, refait son apparition dans la série: quel plaisir d'entendre la salle entière s'esclaffer pour une réplique de l'agent ou une simple attitude ... Daniel Craig tient son rôle à la perfection, mais il n'est pas le seul à donner dans le magistral. Par son jeu, Javier Bardem / Silva constitue un hommage entier aux anciens adversaires de 007 ; il a sa place aux côtés d'un Dr No, d'un Goldfinger, d'un N°1. Il est le résultat du mélange de ses ancêtres et du contexte actuel. Les confrontations des deux personnages sont tout simplement inoubliables, et je pèse mes mots.
Les james bond's girls de cet opus (enfin, LA james bond's girl, ayant des difficultés à considérer Moneypenny comme une véritable) sont un peu secondaires, car M (Judi Dench), la "mère", prend toute la place dans le scénario. Il fallait bien un film entier pour lui dire "au revoir" comme il se doit. Skyfall marque aussi la transition entre deux M, et la reprise de flambeau par Ralf Fiennes est à la fois un renouveau et un retour aux origines du personnage.

Vous l'aurez compris, ce 23e opus est une réussite de mon point de vue. Quantum of Solace n'est plus qu'un lointain souvenir. Il ne reste plus qu'à espérer que les prochains de la saga suivront la même veine que Skyfall.
Linu
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le 29 oct. 2012

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Linu

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