Plongés au cœur des Aston Martin et des femmes à foison, nous avions déjà connaissance d'un certain goût du luxe pour l'agent 007. Cependant, jamais encore la mise en scène n'avait revêtu le smoking d'un réalisateur de marque. La chose est résolue, Sam Mendes ayant décidé de s'atteler à la tâche. Britannique de souche aux œuvres sublimement sociétales, le choix avait de quoi laisser dubitatif. Néanmoins, à la suite du naufrage nauséeux de Quantum of solace, la marge de rattrapage était on ne peut plus large. Le gouffre ne se remplit...qu'à moitié. L'aventure s'amorce par un pré-générique musclé et précurseur de l'intrigue à venir (rythme typique des différents épisodes), le cadre est intéressant mais la scène trop longue. Le flot de bruit et d'agitation appellent à un intérêt abonné aux absents. C'est lorsque arrive le générique (sans conteste le meilleur de toute l'histoire cinématographique de Bond) que nous entrapercevons la qualité visuelle à suivre. Mendes filme avec brio. Innove, signe des plans graphiquement parfaits, met en scène des situations dans des lieux aux antipodes les uns des autres. Passage d'un immeuble de verre glacé en plein Shangaï à une île respirant un puissant parfum de désertion. Il renoue avec l'authentique; faisant se dérouler l'affrontement final dans un manoir d'Écosse, replaçant les défunts dans une chapelle en quittant donc cette infernale manie de placer « l'attaque de la base » dans des milieux froids, en pleine expansion industrielle. On en oublie presque le simple Bond pour se tourner vers un film d'auteur graphiquement à couper le souffle... Mais ceci, sans compter l'absence de trame constructive. En effet, malgré le fait qu'il s'agisse d'un épisode de plus de 007 nous attendions, de la part d'un réalisateur aussi brillant, un peu plus de réflexion. Là où Martin Campbell et son (très réussi) Casino Royale avaient tout bon, Mendes flotte sur une lignée d'ombres non prometteuses. Loin de la trame complexe, non au scénario poussé, ici, le vide. La petitesse ennuyeuse d'une histoire de vengeance dont nous n'avons cure, une relation substitutionelle mère/fils qui laisse indifférent et un pseudo passé qui n'intrigue qu'à peine. Le non-but incarné. Léger bémol pour l'orientation particulière destinée à briser la légende de l'intemporalité et l'immortalité des héros qui s'est révélée surprenante. Également banque de la référence bondienne, le film restitue la traditionnelle pluie londonienne et ses personnages classiques. Ne pas parler de la magnifique et éphémère Bérénice Marlohe dont les apparitions sont aussi brèves qu'insipides, ni du vieillissant Ralph qui cachetonne sans la moindre Fiennes mais se concentrer sur un Daniel Craig toujours très honorable. Difficile également de rester objective, la présence de Javier Bardem enivre l'esprit. Affublé d'un nez cassé, d'un physique déroutant ainsi que d'autres traits de caractère pour le moins...particuliers (on vous laisse la surprise) sa prestation surpasse la maigre trame narrative, nous faisant guetter avec impatience ses entrées. Le récit se concentrant bien plus sur les rapports entre M et Bond, son personnage se retrouve éclipsé et bien trop peu chiadé. Fâcheux... Après tout et malgré certaines déceptions ; Skyfall c'est du grand spectacle, un Bond réussi, un générique magnifique, des images impressionnantes et un méchant...très blonde.