Depuis une semaine, les éloges flatteurs ne font que tomber sur Skyfall. Il faut dire que pour les cinquante ans de la saga, la production a mis le paquet après l’échec critique de Quantum Of Solace qui avait été une galère particulière à cause de la grève des scénaristes puis des comptes plus que déficitaires de la MGM.

Bond est-il vraiment de retour ?

James Bond, en mission en Turquie, doit retrouver un disque dur contenant des données ultra confidentielles dérobées à un autre agent du MI6. La mission capote puisque 007 se fait shooter par sa coéquipière. A Londres, la situation de M se complique et les services secrets se font attaquer…

La construction d’un James Bond n’a guère bougé depuis 1962 à la différence que le gunbarrel se trouve en toute fin de film depuis Quantum Of Solace. Un choix plutôt intéressant qui permet de rentrer chez soi sur une image forte.

La scène d’action traditionnelle du début se passe en Turquie avec une course poursuite sur les toits d’Istanbul pas mal foutue mais pas super emballante non plus. Les plans serrés sur les acteurs ne sont pas convaincants, la faute à des incrustations douteuses ce qui est d’ailleurs très étonnant pour un film de ce calibre. Il s’en suit une baston au-dessus d’un train qui rappelle le retour au réalisme et à l’intensité entamés en 2006 avec l’arrivée de Craig.

Le générique, autre tradition bondienne, n’a pas l’ampleur des anciens et peine à nous emballer. Dommage car avec les moyens techniques actuels, le résultat pourrait être tout autre. On aurait préféré celui de Millenium à la place ! La chanson d’Adèle colle par contre très bien au truc.

Malgré ce début un peu en deçà des attentes, l’intérêt croit avec l’évolution du scenario. Au lieu de narrer un danger terroriste global, Skyfall est une histoire beaucoup plus personnelle. On découvre ainsi la face cachée du MI6 et de sa chef M qui se retrouvent face à une force invisible passant par les réseaux informatiques pour mettre le dawa.

Tous les idéaux actuels sont représentés, de l’omniprésence des médias à l’ultra dépendance de notre société envers les nouvelles technologies qui rendent vite les choses incontrôlables. Bond, tout juste ressorti de sa mort ratée, est lui aussi sur la sellette. Il doit refaire ses preuves et cette mauvaise situation le met face à ses vieux démons. Pour la première fois James Bond est un homme, avec ses soucis psychologiques et ses blessures profondes, on apprend à le connaitre comme jamais auparavant.

Ainsi, le personnage de 007 est plus près que jamais de celui créé par Ian Fleming il y a 60 ans. Accro à l’alcool et même à la drogue, il devient moins saisissable et les traits durs que prend Craig avec l’âge collent parfaitement à cette image.

Le scenario de Skyfall n’a pourtant rien de spécial dans le fond mais il est en constant renouvellement et sublimé par la profondeur des personnages et des jeux d’acteurs. C’est véritablement à partir du milieu du film, lorsque double 07 se trouve en tête à tête face au méchant Silva, que notre attention est suspendue sur chaque image. Le déroulement devient incertain avec une tension psychologique déterminante.

L’héritage des précédents films n’est cependant pas oublié. C’est bourré de clins d’œil intelligents sous forme de simples répliques ou d’hommages visuels. Belle surprise que de retrouver la gracieuse Aston Martin DB5 de Goldfinger avec ses gadgets d’époque !

Dans le rôle du vilain, le déroutant Javier Bardem de No Country For Old Men sort encore une performance sensationnelle. Complètement relooké en blond avec un visage difforme et ce comportement flippant et instable, voilà un sacré bad guy. On retiendra l’image particulièrement marquante de cet homme enfermé dans une cage de verre tel un Hannibal Lecter 2.0. Complètement dérangé et dérangeant, Silva se place dans la lignée des plus grands méchants de la saga avec un charisme qui ferait presque passer Daniel Craig au second plan.

Dame Judi Dench, M depuis Goldeneye, a un rôle à la mesure de son talent. On découvre le personnage comme jamais et la relation entre elle et Bond n’a jamais été aussi forte malgré leur respect mutuel et professionnel.

Craig-Bardem-Dench est le trio magique de ce 007 ! Pour le reste, Ralph Fiennes « Voldemort » est génial tout comme Bérénice Marlohe. La Bond girl apporte un peu de french touch, son apparition est brève mais déterminante et sans chichi. Par contre, pour le Q vingtenaire j’ai plus de mal, un peu trop stéréotypé à mon gout et pas forcement crédible. A voir pour la suite. Au delà de cela, les fans seront contents de revoir Tanner et autres car le film réserve de sacrés surprises.

A propos de la mise en scène, Sam Mendes et son équipe ont réalisés un travail remarquable. Exit la caméra au poing de Quantum Of Solace pour quelque chose de nettement plus agréable et surtout travaillé. Les plans sont magnifiques et la photographie est sans doute la meilleure des 23 films (rien que ça). L’utilisation des couleurs et des lumières ravivent les pupilles, particulièrement à Shanghai.

La transition est terminée, Daniel Craig est la tête de proue de ce renouvellement qui augure un beau futur pour la saga. Sombre et complétement dans son temps sans pour autant renier le passé, Skyfall ouvre définitivement la voie vers une nouvelle interprétation de l’agent secret. Le scenario brille par l’excellence de son déroulement et la mise en scène de Sam Mendes qui a su créer une ambiance remarquable. J’ai souri en lisant les critiques avant le visionnage parlant d’un « classic Bond » mais en effet, cette gigantesque baffe place Skyfall comme l’un, voir LE meilleur épisode de la saga. Bond is back.
ZéroZéroCed
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le 28 oct. 2013

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ZéroZéroCed

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