En Chine, le “Pearl” est le plus haut et le plus sûr bâtiment au monde et Will Sawyer, ancien du FBI, est affecté à la tête de sa sécurité. Alors seul maître à bord, un étrange incendie se déclenche et Will devient la cible des autorités locales. Le voilà fugitif, mais il lui faudra sauver sa famille prisonnière des flammes, et identifier les véritables coupables…


Die Hard avec Bruce Willis en 1988, Towering Inferno avec Steeve McQueen, Paul Newman et Faye Dunaway en 1974, ou même King-Kong (1933), Skyscraper est le très (trop) fidèle arrière-petit-cousin d’un cinéma américain ébahi face à la dimension narrative des gratte-ciels. Toute une mythologie de l’optimisme architectural, de l’élévation, du jaillissement et de la mégapole abasourdie en Septembre 2001. Ici le “Pearl”, sorte de grissini de 240 étages, est lui aussi la victime d’une attaque terroriste. Porté par Dwayne Johnson, vétéran de la libération d’otages au FBI, le film est un petit échantillon d’une certaine névrose américaine. A la lecture du synopsis, le “Pearl” était l’attraction sinon l’unique curiosité de Skyscraper. De 20 étages plus haut que le “Burj Khalifa” à Dubaï, le bâtiment se révèle très conventionnel dans sa démesure. Du penthouse à la galerie des glaces, jusqu’aux jardins suspendus et la cascade intérieure, l’architecture dite “futuriste” s’embaume d’une vision assez pauvre alors qu’il y avait tant à imaginer. Décevant sur son atout principal, la suite se gâte ...



La vision d’une élite transhumaniste ...



Dwayne Johnson interprète Will Sawyer, le patriarche d’une famille idéale qui se retrouve malencontreusement en proie à la férocité des flammes de l’enfer. La vision de Will Sawyer rejoint une théorie développée par M. Night Shyamalan dans Unbreakable (avec Bruce Willis, encore lui), un “super-héros” sans cape, incassable ou invincible. Ancien catcheur, la bête Johnson incarne aimablement cette utopie du citoyen extraordinaire et permettra une exagération convenable des scènes d’action. Notons tout de même un fait étrange: Will est amputé d’une jambe et l’écriture amusante autour de sa prothèse servira une parabole contre le déterminisme. Aussi louable soit-elle, cette idée nous parle surtout de l’être humain scientifiquement modifié (voir amélioré). Quelques prouesses ne sont réalisables que par le biais de la prothèse et doucement, Skyscraper nous dépeint la vision d’une élite transhumaniste: des “super-civils” perfectionnés à la tête de la sécurité du monde …



Un rapide numéro de funambule au milieu des flammes ...



Il y a une volonté de créer du vertige à outrance avec un brin de second-degré, à l’image du saut du haut de la grue, d’une escalade de paroi avec du scotch, ou le climax au milieu des turbines, mais Skyscraper se s’envolera jamais au-delà du répétitif. Regrettables aussi les incohérences, les facilités et les raccourcis qui permettent à l'histoire d’avancer sans encombre. Les trouble-fêtes qui s’emparent de la tour cochent les cases des pirates véreux. Plus inquiétant, il traîne la vision d’une Chine obnubilée par les prouesses du nouveau héros américain modifié. Skyscraper est un rapide numéro de funambule au milieu des flammes. Divertissant. Néanmoins, la sympathie évidente de Dwayne Johnson ne pourra empêcher le film de sombrer sous les lacunes du scénario.


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guardianalfred
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le 11 juil. 2018

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