Lorsque le scénario de Small Soldiers échoua entre les mains de Joe Dante, celui-ci s’était depuis longtemps fait un nom : du parodique Piranhas aux cultissimes Gremlins, le cinéaste était de ceux capables de concilier succès grand public et patte malicieuse, ce qui lui vaudra d’ailleurs de taper dans l’œil d’un certain Spielberg.


Ce dernier lui confiera maints projets, dont le présent Small Soldiers : mais tandis que Dante souhaitait broder un film de jouet sombre à destination d’un public adolescent, les intérêts mercantiles des producteurs prirent le dessus… sans compter que, outre les impératifs contraignants des décideurs, nombre d’aléas achevèrent de compromettre la réussite pleine et entière du film. Vision d’auteur, ventes de produits dérivés et ingérences en tout genre font rarement bon ménage !


À juste titre, tant le résultat peut paraître bancal : à des années-lumière des visionnages en pagaille d’enfance, Small Soldiers peine à convaincre du fait d’un manichéisme lourdaud, de raccourcis commodes et d’un montage erratique. Pas franchement aidé par des conditions de tournages douteuses doublées du retournage de certaines scènes, gageons que Joe Dante aura fait au mieux : en ce sens, le divertissement demeure contre vents et marées, l’humour faisant son nid et un soupçon de sous-texte acide transpirant par instant.


L’imagerie développé autour du Commando Elite, truffé de gueules mémorables, tient quant à elle de la bonne note : quoique noyée sous les punchlines et références, ses prédisposition comiques politiquement incorrectes (toute proportion gardée) concourent à l’instauration d’une atmosphère salvatrice. Un contre-poids des plus bienvenus à la platitude assumée des Gorgonites, programmés pour perdre : mais plus que la passivité de leur chef Archer, c’est davantage sa relation artificielle avec Alan qui prête finalement à la grimace.


Ce n’est donc pas un long-métrage désagréable, loin s’en faut : au contraire, le potentiel est perceptible, prédomine ainsi un sentiment de déception heureusement non rédhibitoire. Son postérieur coincé entre deux chaises (Chucky, Toy Story), Small Soldiers ne parvient donc pas à marquer de son empreinte le spectateur averti : mais dans la droite lignée des éléments préalablement évoqués, comment lui en tenir rigueur ? Qui plus est endeuillé des suites de l’assassinat de Phil Hartman, rien n’aura été épargné à ce Joe Dante mineur dans les chiffres, mais culte à sa manière.


Reste que sa subversion naturelle, ici des plus amoindries, aurait mérité tellement mieux.

NiERONiMO
6
Écrit par

Créée

le 21 oct. 2020

Critique lue 93 fois

2 j'aime

NiERONiMO

Écrit par

Critique lue 93 fois

2

D'autres avis sur Small Soldiers

Small Soldiers
Morrinson
6

A History of toy violence

Sans être un amateur jusqu'au bout des ongles de son cinéma (encore que...), je ne peux que constater, film après film, revisionnage après revisionnage, que j'aime profondément le style de Joe Dante...

le 17 déc. 2016

15 j'aime

Small Soldiers
titiro
7

Battleground.

Je ne sais plus si c'est la deuxième ou la troisième fois que je vois Small Soldiers, toujours est-il que cette fois-ci je l'ai vu avec un oeil nouveau. Forcément, plus vieux de 22 ans, il n'y a rien...

le 1 mars 2021

13 j'aime

8

Small Soldiers
archibal
9

SurJouets !

Un Toy story version badass ou un Expendables miniature, le projet s'inscrit dans l'obsession propre aux années 80/90 des jouets vivants "dénaturés" façon Chucky mais le résultat est savoureusement...

le 22 févr. 2019

12 j'aime

5

Du même critique

The Big Lebowski
NiERONiMO
5

Ce n'est clairement pas le chef d'oeuvre annoncé...

Voilà un film qui m’aura longuement tenté, pour finalement me laisser perplexe au possible ; beaucoup le décrivent comme cultissime, et je pense que l’on peut leur donner raison. Reste que je ne...

le 16 déc. 2014

33 j'aime

Le Visiteur du futur
NiERONiMO
7

Passé et futur toujours en lice

Un peu comme Kaamelott avant lui, le portage du Visiteur du futur sur grand écran se frottait à l’éternel challenge des aficionados pleins d’attente : et, de l’autre côté de l’échiquier, les...

le 22 août 2022

29 j'aime

Snatch - Tu braques ou tu raques
NiERONiMO
9

Jubilatoire...

Titre référence de Guy Ritchie, qui signa là un film culte, Snatch est un thriller au ton profondément humoristique ; le mélange d’humour noir à un scénario malin et bien mené convainc grandement,...

le 15 déc. 2014

18 j'aime

3