Nihiliste, le film l'est jusqu'au bout et n'a d'égale que la misanthropie de son auteur qui nous fait miroiter, du haut de sa tour d'ivoire gelée, cet ours polaire témoin de la bêtise humaine. Si la leçon est "beaucoup de bruit pour rien", l'œuvre constitue à coup sûr un chef-d'œuvre tant il se contente de faire se succéder les wagons d'ailleurs outrageusement déformés (on ne croit pas une seule seconde à ce train ni aux enjeux, encore moins aux personnages meurtris et contraints de se nourrir de nouveaux-nés : ridicule) comme se passent les niveaux d'un jeu vidéo au terme duquel le boss final couronne la fin de la partie. Pour enrober son produit ultra codifié et certifié conforme, le réalisateur l'habille de traits baroques ou d'une folie abstraite, prend un malin plaisir à perdre son spectateur en se disant que c'est bien, qu'il va aimer se perdre. Pas de chance, nous sommes dans un train où l'humanité se déshabille, pas de quoi travestir la nudité scénaristique à grands coups de couleurs néon et de mouvements de caméra déstabilisants. Seule la composition musicale signée Marco Beltrami comprend les ressorts que développe la bande-dessinée et les traduit par des textures à la fois anxiogènes et captivants. En somme, Snowpiercer se complaît dans l'orgie dépeinte pour finalement retourner sa veste et enfouir le divertissement - et l'humain - sous ses propres inanités, souillé par le sang et les déjections. Contre cela, le blanc environnant. Subtilité quand tu nous tiens...