Joie: un enfant un naître! Que Nenni. A la place nous spectateurs sommes enfermés dans un huis-clos froid comme une prison: un appartement où est gardée sous clef par un chaperon mutique comme un japonais ( le réalisateur dit adorer le cinéma de Naruse ) une jeune femme portant un enfant. Quand elle sort, c'est pour un hôpital désert et les examens habituels, la routine, une putain de routine de taule; elle demande à son geôlier qui lui accorde, royal, une heure de sortie. Brève respiration...


L'étroitesse du cadre nous oppresse, le mutisme n'interdit pas l'émotion, voyez les films d'un autre japonais( Takeshi Kitano, l'éveil à l'humanité d'un être enfermé dans sa douleur, sa solitude peut se faire touche par touche, avec l'habileté de la mise en scène ici trop raide, peu empathique)
Non, là c'est brut, maladroit? En une phrase le jeune homme s'est jeté à l'eau et peut renverser le destin, donner un sens à sa vie.( ouais allez c'est beau quand même )
La naissance d'un possible couple, le début d'une histoire ? ne nous fait pas vibrer faute de réelle mise en scène là-dessus. Le cinéaste a tout manigancé, de manière scolaire et appuyée pour un final où l'émotion affleure, étreint selon les tempéraments. Ce film a un physique squelettique de court-métrage devenu premier long. Un autre bébé. Qui laisse sur sa fin les amoureux du cinéma italien, qui savait autrefois mêler réalisme social et comédie. La légèreté fait passer tant de choses. Ici le climat est au mieux clinique, au pire mortel, hanté par une peur diffuse chez tous les personnages. Il y avait plus matière à jouer sur leurs différences culturelles ou sociales, leurs buts. Le réalisateur dit que son personnage masculin principal jouait comme un fantôme, "casper", sauf qu'il ne prend pas vie ou à peine. Les aventures de Madame Muir c'est vieux mais tellement plus touchant dans le genre...


Le cinéaste a parlé de la pudeur de l'amour qu'il a voulu raconter, elle est présente à l'écran, de manière trop ténue. La frugalité ne paie pas au cinéma, pas davantage que les excès d'effets. Un juste milieu, un équilibre, une variété de tons, de musiques, de mise en scène n'aurait pas nui pour nous emballer. On ressort touché, mais on craint d'oublier le cheminement...


" un film froid comme une journée sans soleil?"

PhyleasFogg
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le 12 oct. 2020

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PhyleasFogg

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