A la recherche d'un mouvement. Johnny est un acteur superstar totalement figé, statique, perdu dans un monde factice où tout lui est servi sur un plateau, il n'a qu'à piocher. Perdu dans un cadre qui est conçu pour bouger en permanence. Des bulles de jacuzzi, l'effervescence d'une fête, Vegas et ses casinos, les danses lascives de gogos, les séances promos,.... tout va très vite autour de lui. Mais lui a quitté ce tourbillon alors que Marie Antoinette s'y laissait prendre. Et de fait le tourbillon lui aussi à quitter le cadre. Ici, tout est là, autour, mais les mouvements ne prennent jamais. C'est triste, sans vie.
Somewhere n'est en fait rien d'autre que le parcours d'un homme hanté par la solitude et qui tourne en rond.
Pourtant, deux mouvements vont le faire sortir de sa torpeur. Les deux émanant de sa fille : une danse de patinage artistique, gracieuse et frêle, et des allers-retours chaotiques dans une piscine trop étroite.
Dans ce monde qu'il ne voit plus que triste et insipide, seule sa fille lui apparaît lumineuse, enjouée, frétillante, pleine de vie. Et ce mouvement qu'il recherchait, il va le trouver grâce à elle. Il quitte sa ronde pour entreprendre un axe linéaire, il a trouvé sa voie, un but.
Tout le cinéma de Sofia est bien là dans ce film. Autant dans le monde décrit que dans le personnage de Johnny et de sa fille. Seul son regard semble avoir un peu changé. Son spleen mélancolique et ouaté a laissé place à quelque chose de plus brut, écorché, dépressif. Il en résulte de très belles choses.
Malheureusement elle en rate aussi pas mal d'autres. Notamment son utilisation de symboles trop appuyés : la scène d'intro, la scène finale, le masque, le plâtre, la piscine...