La difficulté de faire un film impressioniste sur l'ennui et le spleen, c'est que, pour fonctionner, il crée l'ennui chez le spectateur. Il faut alors y ajouter des éléments autres pour rendre cet ennui métaphysique tout en accrochant le spectateur.
Sofia Coppola y était très bien arrivé dans "Lost In Translation" en filmant la ville de Tokyo comme un labyrinthe où l'ennui est proscrit sans pour autant donner du sens à l'existence du personnage, dont l'ennui répond à la vacuité de l'hyperactivité de la ville.
Dans Somewhere, non. Comme dans une optique de réaction à son film précédent "Marie-Antoinette" où le faste de Versaille était grossièrement exagéré, ici, les fêtes, la vie de palace, le sexe et l'alcool sont complètement absents du film. Ils sont très peu montrés, d'une part, et ressemble au sexe, à l'alcool et à la vie de n'importe qui. Il ne reste donc que l'ennui du personnage principal au milieu d'une ville anonyme qui s'appelle en fait Los Angeles. Les relations humaines de ce personnages sont inexistantes, il ne dégage aucun charisme, l'inadéquation entre son comportement et la manière dont il est abordé par les autres le rend absurde.
Tout cela fait un bon film, le problème, c'est qu'on a compris tout cela dans le premier quart d'heure. Les touches d'humour et la relation avec sa fille qui trompe sa solitude mondaine, les quelques moments où les sentiments sont exprimés et capturés avec beaucoup de simplicité et de justesse par Coppola ne suffisent pas à maintenir l'intérêt du spectateur.
Reste que la bonne tenue du duo Elle Faning/Stephen Dorff et l'ennui profond dans lequel le spectateur est plongé font ressortir avec plus de forces les émotions distillées. C'est déjà ça, mais c'est trop peu.