Les jupes plissées virevoltent dans l'air saturé d'une chambre d'hôtel. Elles montent, descendent, tournoient comme des toupies fascinantes, elles dessinent des volutes blanches qui se perdent dans l'esprit esseulé de Johnny Marco. Acteur plus connu pour sa belle gueule que pour sa filmographie, il erre dans Le Château Marmont, hôtel mythique hollywoodien. Jay McInerney disait de ce lieu culte « Dans une ville où règne un soleil aveuglant, c'est un recoin sombre, où l'on a toujours le sentiment d'être au crépuscule, même au bord de la piscine. » Johnny est seul entre deux tournages. Il ne croise que des fantômes dans ces couloirs, des longues tiges aux jambes infinies, figures désincarnées car il n'y a rien derrière leurs yeux. Il profite de leurs étreintes sans réussir jamais à établir ce contact qui le guérirait. Alcool, médicaments, Le Château Marmont n'est pas le meilleur endroit pour se délasser à l'écart du tumulte du star- système. Johnny se perd dans le néant, la frivolité d'une existence sans but. En Ferrari, on est loin de La Fureur De Vivre car ici pas de fuite en avant. On tourne en rond.

Mais une apparition arrive dans le cadre et dans la vie de Johnny. Cléo réveille son père, le tirant peut être d'un cauchemar pour le ramener à la vie. Du haut de ses onze ans, elle est la richesse de Johnny qui n'est pas très présent et attentif à ses attentes. Sa mère part réfléchir. Alors pendant ces quelques jours elle va remplir le vide. Il a besoin d'elle autant qu'elle a besoin de lui. Il s'agit d'une transmission silencieuse, faite de regards dans la même direction. Évidemment il y a quelque chose de biographique dans cette fille qui cherche la reconnaissance dans les yeux du père, dans ce passage entre l'enfance et l'adolescence. Cléo est une poupée qui ne joue plus, consciente des réalités, elle aussi connait le luxe des chambres d'hôtel. Mais pendant qu'elle joue ou dessine, son père sur le balcon fume une cigarette et se fait draguer par une amazone qui lui montre ses seins [...]
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le 9 janv. 2011

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