Il y a une réplique d’Erland Josephson à la fin de « Scènes de la Vie Conjugale » à propos de la révélation de la faiblesse de l’un et de la force de l’autre, celui qui a été abandonné en l’occurrence.
La froideur, l’ambition, la théâtralité de la mère, façades qui s’effritent bien vite devant la mansuétude compréhensive de sa fille, la terrible pitié qu’elle lui oppose : pauvre maman, qui n’est poussée, qui n’existe qu’au travers de son désir d’être aimée…

Ingrid s’en tire bien, on aurait presque envie de lui donner une petite tape dans le dos.

Mais bon sang, les scandinaves sont-ils tous si durs…? Cette contrée est invivable, si tel est le cas ! "Que peut-on espérer de mieux du pays qui a inventé le System Boläget?", me direz-vous.

Quant à ce que transpire le film de Bergman, c’est étouffant : la tristesse, la solitude, la mélancolie semblent être des pourritures du cœur qui se transmettent de parents à enfants et nous empêchent d’aimer proprement. Mais elles sont aussi, pour ceux qui les portent, leur moteur le plus sûr…

Un bien triste optimisme qui imprègne l’œuvre de Bergie, lui qui visa sans doute toute sa vie la plus parfaite sincérité et la plus grande authenticité.
Latrouille
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le 28 janv. 2015

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