L'Ensorcelée fut ma porte d'entrée dans l'univers déisto-fantastico-catholico-royaliste de Barbey.

Une langue rare, des situation à vous freezer la moëlle, des chouanneries héroïques, cette façon d'injecter crânement du fantastique à son récit... Des landes marécageuses sous une chape de plomb, l'horizon mat et houleux de la Manche. Le paysage et l'intrigue comme un appel au tragique. "Du Shakespeare dans un fossé du Cotentin" résume Barbey. Et puis, l'art d'utiliser l'autre pour conter le récit : roman rêvé, narration idéalisée.

Barbey est un homme à masques. Un pince-sans-rire à n'en pas douter. Flaubert écrivait dans une lettre, à propos des Diaboliques : "Je viens de le finir. C'est à se tordre de rire."

Tous les ingrédients de l'aristo de Valognes réunis en une seule phrase : "J'ai tellement la haine du commun que la vérité m'ennuie et me dégoûte du moment qu'elle se répand. Fâcheuse disposition mais c'est la mienne. Je ne suis point un sage, non ! Morbleu ! Mais la folie incarnée, surtout de quelque temps. Je trouve une volupté dans la déraison.»

Latrouille
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le 15 mai 2012

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