Une déception d'aujourd'hui, et l'unique prestation de Kitano pour porter un film laborieux.

J'ai découvert Takeshin Kitano, assez jeune, il y a un peu plus de dix ans, encore mineur à l'époque. Et j'ai été fasciné par l'ensemble des films que je découvrais à l'époque, bien qu'une part de sa filmographie comique m'était et me reste toujours inconnu.


J'avais revisionner à plusieurs reprise à l'époque ces films qui m'interpellaient toujours. Cela fait aujourd'hui un bon nombre d'année que je n'avais plus tenter le coup. Je m'y remets aujourd'hui et j'avoue ne plus comprendre totalement mes impression de l'époque ni celles de mes éclaireurs qui à l'évidence adore unanimement ce film.


Sonatine fait partie de ces films dont je n'ai gardé aucun souvenir une décennie plus tard, au contraire d'Aniki, Violent Cop ou Zatoïchi. Et peut-être, ces oublis, bien que ma mémoire largement défaillante en est en partie cause, révèlent malgré tout une sélection qui n'est pas anodine.


Bien entendu, je retrouve des qualités qui me fascinent toujours autant. Principalement le jeu d'acteur tout en sobriété et non-dits de Kitano continue de me toucher. Sonatine ne fait pas exception, on retrouve un Kitano fidèle à lui-même en Yakuza difficile à cerner, plein d'une mélancolie nonchalante. Je ressens toujours à le voir jouer ces rôles le tragique d'un passé perdu. Difficile de l'expliquer autrement que par cette formule, peut-être fumeuse.
La musique de Sonatine me parle aussi beaucoup et me plonge dans un univers à l'image de son héros, elle semble combler en partie les non-dits du personnage principal.


Pourtant, les qualités précises de ce film, outre son acteur/réalisateur et son compositeur quasi-attitrée m'échappent totalement.


J'ai lu un certain nombre de critiques élogieuses à son propos, dont un grand nombre m'ont semblé le copier/coller de la vidéo de présentation du film qui accompagnait le film à la télé. Référence au mépris de Delon devant ce film/référence à Kitano comme un réalisateur auto-didactique réalisant comme un bon sauvage un film de par son inculture cinématographique, un rebelle refusant les conventions donc/éloge de son rapport à la violence, fasciné pour une violence qu'il considère comme "sale", mélange d'envie et honte, d'où le contraste entre l'irruption de la violence et sa présentation hors-champs/Eloge de la vie dans l'acceptation de sa cohabitation avec l'idée de violence et de morts.


Je veux bien admettre en effet l'existence de cette vision fondamentale dans le cinéma de Kitano. Malgré tout chaque film doit exister en lui-même, or devant Sonatine, je bloque fondamentalement devant ce scénario aux enjeux volants, qui restent confus jusqu'à la fin, et plus encore qui ne semble finalement guère être au centre de l'intrigue. Il y a aussi un contraste remarqué dans l'interprétation des Yakuza plongé dans leur monde, et aux visages sérieux et sombres, et leur découverte (redécouverte ?) d'une légèreté loin de la violence. Le contraste existe, je l'ai remarqué, mais pourtant on ne peut pas pour autant dire qu'il y a quelque subtilité intéressante dans le jeu de ces acteurs, Kitano mis à part là encore. Le rythme de la même manière de par des enjeux bien trop flottant m'a semblé vraiment lent. Les longues scènes ou plans, sans actions ni dialogues, au lieu d'installer une tension ou une émotion m'ont donné l'impression de s'éterniser à cause de leur manque d'utilité ou de densité sémantique. A quelques punchlines près, ce ne sont pas les dialogues assez fades qui vont retenir davantage mon attention.
Paradoxalement, étant donné donc le caractère encore amateur, du moins ignorant, de Kitano en tant que réalisateur, je trouve finalement ce scénario et cette mise en scène très abstraite et intellectuelle. J'en voudrais la scène qui a marqué un certain nombre, mais qui m'a moi en tout cas marqué très négativement, du combat de sumo sur la plage. La farce s'invite dans le film, rationnellement, cette farce installe ce rapport absurde des yakuza hors de leur monde, redécouvrant une part d'humanité enfantine. Le mot enfantin me semble en effet intéressant, car il explique l'inconscience de ces mêmes individus face à l'horreur de la violence qu'il perpétue. Il y a donc un absurde, censé être tragique dans cette scène. Le problème de cette scène est d'être présenté certes comme absurde mais sans pour autant la présenter comme tragique, elle ne suscite pas petit à petit ou directement une émotion cruelle, ni une appréhension tragique chez les spectateur. On se retrouve alors face à un absurde comique et non tragique, allant à l'encontre des enjeux du films et tirant le spectateur hors du film. Je comprends assez la réaction public et populaire face à ce film, qui n'est finalement devenu culte qu'en parallèle de son réalisateur. SI le film réussit à produire une certaine fascination, est tenu par un regard double, notamment je ne cessera de le rappeler grâce à la bande-son et à la prestation de Kitano, il échoue à provoquer les émotions adéquates permettant aux scènes d'être véritablement efficaces.


Un rythme lent, un scénario confus aux enjeux flottants, seuls sa bande-son et l'interprétation de Kitano, tous deux fascinant semblent encore faire effet sur moi aujourd'hui.

Vyty
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le 21 août 2015

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Vy Ty

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