Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson...

La neuvième symphonie cinématographique de Terrence Malick : une oeuvre d'Art dans la continuité logique des précédentes ; un film moins novateur qu'essentiellement libre, mettant un point d'honneur à sublimer chaque parcelle, chaque alvéole, chaque épiphanie naissant et disparaissant devant nos yeux ébahis...


Rarement le cinéma américain contemporain aura eu aussi peu recours au démonstratif qu'avec Song to Song. Formant avec A la Merveille et Knight of Cups une trilogie cette dernière pièce maîtresse tient davantage de la promenade que de la visite guidée. A chacun d'y voir ce qui lui plaira, puisque Terrence Malick laisse à ses personnages le soin de narrer leur propre histoire, histoire des plus communes et - a fortiori - des plus universelles : une histoire d'amour. Si le milieu dépeint par le cinéaste s'inscrit dans la lignée de celui de Knight of Cups ( vie facile et fastueuse, luxe et luxure, intérieurs somptueux et glaciaux, extérieurs en forme de vues imprenables...) le noeud dramatique, à la fois simple et ténu, est de fait susceptible d'évoquer des résonances à tout un chacun.


Song to Song c'est ça : un quatuor d'existences bigger than life à travers lesquelles se cristallisent d'innombrables beautés éphémères, d'affluents moments de grâce formés de gestes infimes et de délicieux détails. De brefs instants sublimant ici un vol d'oiseaux, là un rayon de miel, là un frisson dermique. Encore une fois le montage arythmique et la lumière resplendissante de Emmanuel Lubezki témoignent d'un prodigalité sidérante, accouplés à une bande originale éclectique et passionnante... Semblant exister en dehors de leur fabrication ( comprendre avant leur début et après leur fin ) les nombreux plans de Song to Song sont d'une telle maîtrise et d'une telle limpidité que le résultat tient forcément du prodige. Un chef d'oeuvre, monumental et définitif.

stebbins
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le 26 mars 2018

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