Arsonic

Il serait malhonnête d'occulter le tapage déclenché par les premiers visuels du hérisson bleu pour sa première course sur grand écran. Une bonne partie des fans échaudés en a directement appelé au boycott si la fameuse mascotte Sega n'était pas instamment corrigée. Aussitôt exigé, aussitôt accordé.
Les équipes du département des effets visuels ont sûrement dû cumuler les heures sup' rien que pour répondre aux exigences de la fan-base. On vit une époque formidable non ?
Petite note personnelle : je me félicite que chacun puisse partager son opinion par écrit, en vidéo et avec tout ce que les réseaux mettent à disposition. Néanmoins, je n'adhère pas au fait d'en arriver à de telles sommités qu'elles empêchent l'expression de la créativité. Le design du Sonic dévoilé en mars 2019 ne plaisait pas ? Faîtes-vous une raison, et allez le voir en salles quand il sortira (à l'époque, le film en avait encore pour 6 mois de post-production). Si le but est de servir la soupe aux seuls fans, au détriment de la moindre audace artistique, alors Sonic est un exemple probant d'abandon. Surtout que son cœur de cible n'est pas les fans hardcore, mais les enfants (probablement les leurs d'ailleurs).
Je commence par ce point car c'est probablement la seule chose qui dépassait d'un film en pilotage automatique pendant une heure et demie. Pour faire simple, l'intrigue ne sait que faire du hérisson véloce et le parachute dans une sempiternelle histoire du choc des dimensions. Quid du monde d'où il vient, de sa relation à notre Terre, aux humanoïdes ? Hop Hop Hop, Sonic est à peine parti (en trombe) qu'il laisse son introduction sur la route. Rassurez-vous : la suite ne fera pas mieux. Confiné à une histoire mille fois vue ailleurs, le film se tape à vitesse grand V tous les passages obligés sans jamais tenter une embardée inattendue. Fans ou non, il faut l'admettre : Sonic n'est clairement pas le film qui va dynamiter vos sorties en famille.
Sachez que les deux scènes spectaculaires du film ne sont rien de plus qu'une resucée des exploits d'un certain Quicksilver dans X Men : Days of the Future Past et Apocalypse. Et si je vous dis qu'elles ne sont ni truculentes ni impressionnantes ? Et pourtant il y avait de quoi faire, avec ces anneaux permettant de passer d'une zone à une autre (Pixar en avait fait la clé du spectacle avec l'inoubliable Monstres et Cie). À aucun moment, l'inventivité est de mise.
Donc, il va falloir se reposer sur l'humour alors. Ce qui nous amène à un autre problème. Le long-métrage obéit à une logique bien en vigueur dans les blockbusters impliquant un maximum de références à la pop culture dans ses blagues. Sa principale limite étant qu'une écriture défectueuse annihile presque toute chance de faire mouche. Ce qui est tout près d'être le cas ici. Sans la perfusion régulière de Jim Carrey pour déclencher l'amusement, c'était l'encéphalogramme plat. Le génial comédien se débat suffisamment pour surnager mais ne peut sauver Sonic des abysses de la médiocrité. De toute évidence, le film n'entendait pas être un héritier du film Lego. Rien de plus qu'une licence à traire sans se poser de questions. Finalement, avoir abandonné le design initial pour ne froisser personne s'inscrit parfaitement dans cette démarche.
Pas sûr que les enfants s'y retrouvent, pour peu que le coussin péteur ne les amuse plus et que les clins d'œils à tout-va les laissent froids. Si c'est également votre cas...