Si tu n'existais pas

Ha dommage, j'ai bien cru que j'allais l'aimer celui-là.

L'intrigue est toute simple, sans trop de fioriture et c'est ce qui fait que ça marche ; l'objectif principal est énoncé, on attend de voir les conflits. Et c'est dans la résolution que le problème surgit : il n'y a pas vraiment de fin. Alors que l'auteur parvient à instaurer un suspense (que va-t-il se passer à la fin de cette chanson ?), il passe à autre chose et amène le générique de fin sans aller au bout de son idée. Non pas que ça devait forcément finir en bain de sang, simplement que le dernier plan n'apporte absolument rien par rapport au dialogue précédent et que ça annihile même totalement tout ce que le passage chanté pouvait apporter : un beau gâchis ! Il y a aussi cette idée de se gratter le crâne : c'est super intéressant mais à nouveau l'auteur ne va pas au bout de son idée, il installe ce plan puis n'y revient plus jamais (en plus, comme le maquillage ne suit pas on aurait carrément pu couper le plan sans que ça ne gêne quoi que ce soit). C'est comme si l'auteur n'était pas conscient le spectateur se nourrit de tout ce qu'on lui donne dans un film ; imaginez que vous soyez à une réception, vous voyez passer un serveur avec un plateau de sushis... et puis vous ne voyez plus jamais les sushis de la soirée, ils ont été mis 'ailleurs'. C'est le sentiment que provoque ce film.

Visuellement, c'est trop maniéré. Pourquoi vouloir absolument vouloir marquer visuellement les spectateurs. Si au moins c'était pertinent mais on est dans la pure frime, la caméra n'est jamais vraiment au service de la narration. Sauf lors du champ-contrechamp sur la chanson : c'est le moment le plus simple et pourtant le plus efficace, la seule fois où l'auteur met de côté ses ambitions visuelles et se met au service de l'histoire. Le passage chanté est assez joli aussi, notamment grâce à l'actrice qui gère super bien ce passage (alors qu'elle en fait trop lorsqu'elle coupe son légume) ; l'acteur est moins bon mais comme il se laisse porter par la jolie rouquine, ça passe mieux (un peu comme un cycliste qui profite de la roue d'un autre cycliste). Le son n'est pas génial : au début, il aurait été plus intéressant d'entendre plus nettement le bruit des clefs en fermant la porte. Le bruitage lorsqu'elle se gratte est un peu facile mais ça fonctionne (dommage que cela ne donne pas de suite). La manière dont le morceau est coupé est hyper décevante : ça casse complètement l'ambiance. En plus, ça rappelle à quel point le réalisateur aime faire son malin, montrer qu'il sait manier une caméra. Faire surgir ainsi cet air, c'est rappeler qu'li est le maître à bord et qu'il veut bien faire comprendre qu'il fait un film cool. Ce n'était probablement pas ses intentions conscientes, mais c'est l'impression que ça laisse. Pourquoi gâcher un si joli moment franchement ? Pour une fois qu'il parvenait à faire quelque chose... c'est triste.

Bref, ça aurait pu être un bon court-métrage. Et ça pourrait encore l'être, suffirait de remonter un peu tout ça (tant pis pour les plans plus 'originaux').