Malgré son ouverture brutale mettant en lumière le jeune batteur en pleine performance musicale lors d’un concert de metal dans un coin perdu des États-Unis, Sound of Metal ne traitera jamais vraiment de musique, pas plus que de scène d’ailleurs, préférant plutôt concentrer son intrigue sur la formidable résilience de son héros, confronté à de multiples traumatismes dès lors que son ouïe le lâche. En faisant le choix d’intégrer une communauté sourde afin de tenter d’appréhender ce qu’il considère comme un handicap, le personnage va effectivement traverser un processus psychologique extrêmement éprouvant, fait de rencontres, d’expériences et autres découvertes sur lui-même (et sur les gens qui l’entourent). Il en découle du coup un drame profondément sensoriel et organique, s’attachant à faire ressentir au spectateur l’expérience tragique du personnage. A ce titre, il faut souligner le remarquable travail effectué sur le mixage sonore, le son parvenant à retranscrire émotionnellement toutes les difficultés liées à la surdité chez une personne ayant toujours entendu. Particulièrement inventives, les séquences nous plongeant dans la peau, et surtout les oreilles, de Ruben sont parmi les plus intenses du film. Et certainement aussi les plus réussies !


Impressionnant d’efficacité sur le plan formel/technique, le long-métrage l’est malheureusement un peu moins sur le fond, le scénario se révélant en définitive bien peu original. A l’inverse de la mise en scène, inventive et immersive, le script s’avère en effet extrêmement prévisible, empruntant un chemin tellement balisé que chacune des étapes de l’histoire peuvent être anticipées. Un défaut regrettable, certes, mais qui n’affecte toutefois pas significativement la puissance émotionnelle du récit. Il faut dire que le film peut s’appuyer sur deux acteurs éblouissants pour distiller subtilement ses émotions. Riz Ahmed, tout d’abord, s’avère absolument époustouflant en musicien confronté de plein fouet à la surdité (il est allé jusqu’à utiliser des implants pour simuler la perte auditive afin de s’immerger au maximum dans le quotidien des personnes malentendantes). Habitué à exceller dans les seconds rôles (The Night Of, Night Call), le comédien démontre ici toute l’étendue de son talent, dévoilant notamment une intensité incomparable dans le regard. Olivia Cooke, ensuite, livre elle aussi une jolie partition, la surdité de son compagnon renvoyant son personnage à ses propres démons. Si son temps à l’écran est forcément plus réduit que celui de son partenaire de jeu, l’actrice britannique marque néanmoins durablement le film de sa présence.


Malgré un scénario extrêmement prévisible, Sound of Metal est donc un drame déchirant, transcendé par une mise en scène sensorielle et organique. Porté par un Riz Ahmed bouleversant d’authenticité dans la peau de ce batteur de metal soudainement atteint de surdité, le film peut notamment s’appuyer sur un remarquable travail de mixage sonore pour faire ressentir au spectateur l’expérience tragique du personnage. Terriblement immersif !


https://cinerama7art.com/2020/12/15/critique-sound-of-metal/

Wolvy128
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le 15 déc. 2020

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