Sound of Noise par Gaylord G

Sanna, une musicienne expérimentant de nouveaux horizons musicaux, réunit 5 autres percussionnistes pour interpréter une œuvre un peu spéciale: Music for One City and Six Drummers. Cette troupe insolite, formée de percussionnistes tous plus borderline les uns des autres, va interpréter chacun des quatre morceaux formant l’œuvre dans quatre lieux différents de la ville, transformés pour l’occasion en instruments géants. Semant très vite un vent de panique, ils ne vont pas tarder à attirer l’attention de la police qui met sur l’affaire l’un de ses plus brillants officiers: Amadeus Warnebring.

Sound Of Noise est la concrétisation d’une idée un peu farfelue née dans un premier court-métrage: Music For One Apartment and Six Drummers. Le cadre y était plus restreint, mais l’idée restait la même: une troupe de percussionnistes s’emparait du mobilier d’un appartement pour le détourner dans une partition déjantée et bougrement originale. Véritable buzz sur internet, c’est avec curiosité et une profonde impatience que l’on attendait le développement de ce prototype. Il voit donc le jour sous la bizarre forme d’un film policier doublé d’une romance improbable ajoutant ainsi une dose de suspense et d’action au concept musical originel. Malheureusement, et je le dis tout de suite, le changement de format est loin d’être réussi. Du concept il ne reste que ces quatre morceaux qui permettront durant une petite demi-heure de retrouver, avec un malin plaisir, la magie et l’originalité du court alors décuplées. Pendant le temps restant, l’enquête prend le dessus, apportant une dimension et des thèmes nouveaux à l’histoire et donnant surtout, à l’un des seuls acteurs de métiers de cette troupe, le grand rôle.

Amadeus, fils ainé d’une famille de musiciens, a grandi dans l’ombre de son frère, un grand chef d’orchestre. Lui qui ne supporte pas la musique est donc chargé de l’enquête et va devoir traquer ces musiciens fous. Il devient ainsi le personnage principal de l’histoire laissant malheureusement en retrait nos six musiciens dont on n’apprendra finalement pas grand-chose. C’est donc à travers cette enquête un peu faiblarde et simpliste, à travers ses relations familiales puis amoureuses que se développe la plus grande partie du film. Et bien que ce développement ne soit finalement pas très transcendant, il a le mérite de donner un fil conducteur bienvenu à cette histoire. Le problème, c’est que ce n’est pas ce que l’on attendait de ce Sound Of Noise. Certes, à travers ces thématiques, les deux réalisateurs parviennent à parler de musique, mais ils oublient de creuser leur sujet en posant les bonnes questions. En effet, avec un tel titre, il est tout de même problématique de ne jamais aborder la relation entre bruit et musique.

Sound Of Noise fait finalement partie des nombreux exemples prouvant qu’une bonne idée ne suffit pas à faire un réel film. Car au- delà de ses quatre morceaux musicaux totalement exquis et déjantés, tout ressemble à un remplissage grossier et décevant. Du scénario qui prend une direction inattendue –nous laissant malheureusement sur notre faim- à la réalisation, la photographie ainsi que les faux acteurs –mais vrais batteurs- qui assurent le strict minimum, tout montre que le concept est rester au stade de délire entre amis. Lancé en grande pompe au festival de Cannes 2009, Sound Of Noise aura fait beaucoup de bruit, mais n’aura, au final, jamais la résonnance que l’on attendait. J’espérais en sortir avec une intarissable envie de taper partout, je n’ai eu qu’une amère sensation de déception.