La veine comique de Bergman ; Pas ce qu’il aura réussi de plus franc. Quoique si le dispositif est entièrement tourné vers la farce ou le vaudeville, il s’en dégage un parfum de cruauté et de malaise (La crainte de vieillir, le rejet de la solitude, la tentation du suicide) qui a plus à voir avec la comédie à sketchs italiennes, type La terrasse de Comencini ou des expérimentations Ophülsiennes de La ronde, qu’avec le modèle américain de la comédie de remariage.


 C’est une période durant laquelle le cinéaste se rédéploie quasi intégralement : Il y a cette comédie d’époque suivie du métaphysique Le septième sceau avant le road-movie initiatique que constitue Les fraises sauvages. Bergman aurait pu s’en tenir à Monika, rester dans cette veine-là – Puisque Jeux d’été en fait partie aussi. Le paradoxe veut que si l’on aborde Monika par le prisme mythique qu’il est devenu, cela ne reflète en rien le cinéma Bergmanien alors en pleine crise. Ainsi il tâtonne, se cherche, ses films illustrent probablement ce qu’il devient à ce moment-là de sa vie. Et c’est pourtant ces trois films « de transition » qui lui apportent la reconnaissance à Cannes ou à Berlin.
Je n’ai pas grand-chose à dire sur le film que je trouve passionnant dans son ambition formelle, installant longuement un grand tableau de relations incompatibles dans un jeu de bavardages au sein d’un quadruple décor un peu bâtard avant de tout détruire dans un lieu unique (Une fête dans une grande maison bourgeoise) où les couples vont mystérieusement et miraculeusement s’assembler. Le marivaudage début XXe siècle me séduit moins dans la mesure où les rouages opératiques semblent plus dévolus à la réussite formelle de l’ensemble qu’à la vraisemblance de cet impossible mais agréable chassé-croisé, aussi amer qu’euphorique (Pur ode au libertinage) prenant son envol autour d’un étrange breuvage providentiel.
JanosValuska
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le 7 nov. 2016

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