À la fin du visionnage de ce film, je suis resté un moment perplexe. J'arrivais même pas à me décider si je l'avais aimé ou non. Plus tard, sous ma douche, j'ai arrêté de chanter et je me suis mis à repenser au film. C'est là que j'ai compris que je n'avais absolument rien vu, rien compris et donc rien à dire sur le film. Il fallait donc que j'écrive une critique.
Hué par les critiques à Cannes qui lui avaient préféré (et je les comprends) Les Ailes du désir de Wim Wenders, ce film qui a pourtant obtenu la Palme d'or a été défendu par le président du jury de cette édition 1987, Yves Montand car c'était un film moins "abordable", moins "facile" que le favori de la presse et qu'il emmenait le cinéma à un "autre étage". Maurice Pialat, son réalisateur fera sensation avec son célèbre :
« Si vous ne m'aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus »
Pialat et les journalistes se réconcilieront quatre ans plus tard avec son Van Gogh. J'avais déjà entendu cette histoire de nombreuses fois et ce grand clivage me donnait très envie de le voir. Et comme j'apprécie assez souvent les films mal reçus à Cannes (coucou The House That Jack Built), j'étais persuadé que j'allais adorer. D'autant que Gérard Depardieu y devait forcément y être génial et que j'avais encore en tête son interprétation de Loulou. Ce fut la douche froide ! Sans doute, ai-je attendu trop longtemps et que le temps a fait grandir mon exigence envers ce film, au point d'avoir l'impression d'être passé à côté d'un chef d'oeuvre que je m'étais promis à moi-même.
J'ai ressenti une affreuse sensation de vide devant ce film, que ce soit dans son histoire qui peut-être très vite résumée, dans le nombre de personnages peu développés, les décors ou même la mise en scène. Aucun plan, aucune scène ne m'a marqué. Ce film tombera très vite dans les limbes de ma mémoire et c'est pour ça que je dois écrire cela afin de me rappeler pourquoi j'en suis arrivé à mettre cette note à ce film qui paraît si bon. Il y a sûrement beaucoup à voir, je n'ai pas du comprendre. Non, vraiment j'ai pas compris le film. Qu'est-ce qu'il veut dire ? Pourquoi on nous montre ça ? Je ne serais même pas capable de vous dire si ça doit plaire ou choquer un croyant (ce que je ne suis pas mais on s'en fout). Merci Maurice, je vais devoir me procurer et lire le bouquin de Georges Bernanos maintenant. J'admettrais volontiers que la faute n'est peut-être pas celle de Pialat et de sa scénariste de femme mais probablement de la mienne. Moi qui salivait à l'idée de voir Gégé affronter Satan ! Jean-Christophe Bouvet et sa bien trop courte scène ne m'ont pas convaincu.
Même le jeu d'acteur n'est pas top, pas aidé par un langage en décalage complet avec certains personnages, plus cohérents avec d'autres. Depardieu est dans le vague comme s'il ne comprenait pas bien ce qu'on attendait de lui et le pauvre, je me mets à sa place... Sandrine Bonnaire sonne faux, son personnage de Mouchette n'est qu'un dérivé de celui qu'elle jouait déjà dans Sans toit ni loi. J'apprends par wiki que ce personnage apparaît également dans un film de Robert Bresson du nom de cette héroïne (Bresson qui avait déjà adapté Bernanos avec Journal d'un curé de campagne). Faudra que j'aille mater ça tout de même. Finalement, celui qui s'en tire le mieux c'est Pialat lui-même, peut-être parce qu'il est le seul à avoir compris son film...
Bref, je sais pas. Je sais pas. Bon, il est court donc je ne suis pas contre l'idée de le retenter un jour, on verra bien. En attendant, j'avais oublié qu'un bouchon commençait à se former dans ma douche et que l'eau ne s'évacuait plus assez vite. Du coup, j'ai inondé ma salle de bain. Tout ça pour rien... Encore merci Maurice.