Southland Tales par klauskinski
Distribution hétéroclite, écrans saturés d'images inconséquentes et d'informations inintelligibles, climat californien et fêtes sur la plage, mysticisme futuriste et néo-marxisme high-tech, comédie noire, fresque post-apocalyptique, trip pop: Southland tales est un grand délire et un beau bordel. Attendu depuis 2006 et sa projection calamiteuse au festival de Cannes, le deuxième film de Richard Kelly (après le cultissime Donnie Darko), jamais sorti dans les salles, nous arrive enfin en dvd. Ce grand projet informe, totalement opaque, parfois incroyablement beau et passionnant, parfois vraiment ennuyeux, est un ratage. Dépassé par son amibtion, Kelly prétend réaliser rien moins que LE film américain des années 2000, et sa démarche, courageuse d'un certain point de vue, rappelle Welles, Cimino ou PT Anderson. Malheureusement, son grand film maudit manque à la fois de souffle et de liant entre les scènes, souffre de trous béants dans son récit et la foi en l'intelligence du spectateur pour reconstituer le puzzle trouve ici sa limite. Scénaristiquement riche et dense, Southland tales est trop confus, et étrangement pas assez halluciné, pas assez fou, que ce soit dans le mouvement qui sous-tend le film que dans son travail formel pour compenser les faiblesses pré-citées et emporter l'adhésion du spectateur. On peut néanmoins apprécier la tentative d'offrir une idée de cinéma totalement différente, en dehors des sentiers habituellement balisés par Hollywood.