Spetters
7.3
Spetters

Film de Paul Verhoeven (1980)

Des jeunes prêts à manger n'importe quoi pour les beaux yeux de la vendeuse!

(Vu à la cinémathèque) Une belle vendeuse de frites vénale vient chambouler la vie de 3 amis fan de moto-cross. Les illusions perdues de la jeunesse rebelle par Verhoeven.


Le film peut forcément être lu comme une œuvre de transition vers les matérialistes années 80. A cet égard, le ton est beaucoup moins intransigeant et beaucoup plus désabusé que dans un autre film plus ancien de sa période hollandaise comme "Turkish délices" (1973), brulot hédoniste jusqu'au-boutiste (les progrès de Verhoeven en tant que cinéaste et narrateur entre les 2 films sont d'ailleurs remarquables).


Dans "Spetters" (littéralement "éclaboussures" en néerlandais, mot qui désigne un beau/une belle gosse dans l'argot de l'époque), le ton est en quelque sorte plus mesuré, tous les personnages, jeunes comme vieux, en prenant plus ou moins pour leur grade. Ainsi, si la critique de la conservatrice société hollandaise demeure (et notamment du rapport à la religion), on surprend toutefois Verhoeven à poser un regard parfois presque attendri sur certains de ses personnages de paternels, qui peuvent d'ailleurs se révéler très encourageants et compréhensifs envers les activités de leurs rejetons, qui n'ont clairement rien de petits saints.


Là où le film demeure encore dérangeant aujourd'hui, c'est clairement dans sa représentation de la sexualité (bon, c'est Verhoeven hein, ça ne surprendra personne je pense). Le film avait été un gros scandale a priori à l'époque, taxé de misogynie et d'homophobie. Quiconque regardera le film comprendra pourquoi...Même si, comme toujours avec le réalisateur, il suffit de gratter la surface (ultra-)trash et provocante pour trouver un discours plus fin que ce que pourrait laisser croire une lecture épidermique et au premier degré (mais difficile d'aller plus loin sans spoiler).


Mais il est évident que le contact aujourd'hui avec ce cinéma hyper-sexualisé, qui entretient des relations poreuses avec l'esthétique (voire l'éthique) porno de l'époque, s'apparente à un quasi-choc culturel pour le spectateur de 2021.Une certaine liberté / légèreté s'est clairement perdue en chemin (pour le pire ou pour le meilleur?).

Tibulle85
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le 1 août 2021

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