La modernité peut être un atout mais dénature l'essence de Spider-man

Moi, grand fan de Spider-man depuis la trilogie du virtuose Sam Raimi, attendait beaucoup de ce nouveau film inscrit dans le Marvel Cinematic Universe. Il faut dire que ce nouveau héros incarné par Tom Holland avait déjà conquis mon cœur dans Captain America Civil War. On découvrait un nouveau Peter Parker, plus jeune et plus fidèle au comics, n'arrêtant jamais de blaguer, même dans les combats. J'ai décidé de me laisser une nuit pour réfléchir sur le film qui m'a pour tout vous dire rendu sceptique sur certains points. Je m'attendais à voir beaucoup plus de situations lycéennes confrontées aux pouvoirs de Peter. Au final, le début ancre son personnage dans son environnement en dévoilant un adolescent pas très sur de lui désirant être populaire. Cela lancera finalement une thématique importante et très intéressante du film, la popularité et la reconnaissance.


Dans un monde où les super-héros sont banalisés, Spider-man passe inaperçu et ne peux rivaliser avec les Avengers. Son plus grand désir est donc de rejoindre la fameuse team et d’être reconnue à sa juste valeur. Il y a ce contraste intéressant entre l'adulation de l’homme araignée et les humiliations que subies Peter Parker. C'est inédit pour notre spidey qui avait toujours l'habitude de bosser en solo. Ici, il doit arriver à se démarquer des autres super-héros et prouver qu'il peut vaincre un super vilain menaçant. L’originalité du film est en faite sa normalité, la façon dont il montre le quotidien de Peter embêtés par ses responsabilités de héros. L’alternance vie de lycée et sauvetage en costume de super-héros est très bien dosés, ça coule tout seul. Même le méchant est un être lambda et ne possède pas de super-pouvoirs, ce qui le rend encore plus passionnant à suivre. Il est joué par le talentueux Michael Keaton qui nous livre une interprétation effrayante mais humaine d'un vilain qui ne désire que le bien de sa famille.


C'est une quête initiatique pour Spider-man qui doit apprendre à gérer sa double-vie. Il n'est pas guidé par n'importe qui puisque Iron man devient son mentor après les événements de Civil War. Les apparitions de Robert Downey Junior sont très bien dosées et placées aux bons moments. Il remplace le pauvre Oncle Ben qui n'est pas une seule fois cité dans le film. Tony Stark a changé et ça se voit, il est plus sérieux et plus responsable, désirant endosser le rôle de père pour Peter. Cela représente une revanche personnelle pour lui qui n'a jamais reçu d’encouragements ou d'amour de son père. Pour vous rassurer, c'est bien un film centré sur Perter Parker et non Iron man.


Et c'est là que Spider-man Homecoming se démarque de ses prédécesseurs, il préfère montrer l'adolescent que le super-héros. Tom Holland livre sans doute la meilleure interprétation du héros, à la fois touchante, drôle et dynamique. L'homme araignée ne peut pas plus s’approcher du personnage des comics, débordant d'énergie et usant de l'humour, même dans les situations dangereuses. Marvel était contraint d'innover afin de moderniser son personnage qui perdait de sa popularité à cause des nombreuses adaptations cinématographiques. Spider-man est devenu un Iron Man bis, son costume possède désormais de nombreux gadgets ainsi qu'une intelligence artificielle. Amusante au début, cette modernisation du personnage finit par le dénaturer. On ne reconnait presque plus Spider-man.


Avant de passer aux autres points négatifs, j'aimerais quand même souligner l'absence étonnante de clichés dans le film. Jon Watts arrive très bien à mettre en scène des situations ordinaires et les rend agréables sans tomber dans le déjà-vu. De même que les camarades de classe de Peter qu'il décide de changer. Harry a disparu, remplacé par un meilleur ami rondouillard et geek qui a beaucoup d'humour, ça en devient parfois lourd. Il représente les spectateurs et se pose les mêmes questions que lui. Il y a ensuite Flash, le rival de Peter Parker, qui perd sa musculature mais garde son assurance désagréable et enfin le personnage de Michelle jouée par Zendaya, parfaite avec sa langue acérée et son côté rebelle. Sa relation future avec le héros peut devenir intéressante, à exploiter dans les prochains films. Pour cette nouvelle adaptation, Jon Watts mise tout sur l'humour, arrivant à rendre certaines situations hilarants mais d'autres assez ridicules. C'est une qualité à double-tranchant, comme la modernité apportée au film. Enfin, la BO de ce nouveau Spider-man n'est pas mémorable, on ne peut pas faire mieux que la musique de la trilogie de Sam Raimi qui demeure indétrônable. Elle reste néanmoins correct.


Bien! Passons maintenant aux défauts. J'ai été un peu déçu de ne pas voir les scènes emblématiques du personnage volant entre les immeubles, symbole de liberté et activité servant de purgatoire de ses sentiments. Dans tous les films Spider-man, il y a la balade entre les immeubles et là... rien. Un sentiment amère s'installe, surtout quand on voit notre spidey conduire une voiture... Ensuite, il faut avouer que les effets spéciaux ne sont pas à la hauteur des autres films de la franchise Marvel. On remarque dès le début que le costume est fait en image de synthèse et certaines scènes d'actions sont gâchées par ce manque de réalisme. D'ailleurs, les scènes d'actions du film se révèlent être totalement oubliables, venant du fait que la moitié d'entre elles sont illisibles. Elles ont perdus l'effet épique qui émergeait des batailles que ce soit dans les films de Sam Raimi mais aussi dans ceux de Marc Webb qui arrivaient à dégager de vrais enjeux. Je me suis rendu compte pendant le visionnage que le film ne me passionnait pas...jusqu'à un certain rebondissement qui réveilla ma curiosité. Il est très bien amené et donne au film ses meilleures scènes. Grâce à lui, la fin devient plus épique et rajoute de la tension à l'affrontement final.


Ainsi, Spider-man Homecoming est un bon film, divertissant et drôle. Jon Watts arrive à réinventer le personnage, l’inscrivant dans une modernité salvatrice qui finit néanmoins par dénaturer le héros. L'humour est mis en valeur au détriment des scènes d'actions, souffrant de l'illisibilité des combats et possédant des effets spéciaux décevants pour une grosse production Marvel. Par contre, l'évolution de Peter Parker s'annonce passionnante à suivre, on le retrouvera dans moins d'un an dans l'immense Avenger Infinity War, un film qui risque de bouleverser le monde entier.

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le 14 juil. 2017

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Sinar1107

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