Spider-Man connait donc sa troisième version en 15 ans avec ce nouveau reboot qui a pour but de définitivement installer le personnage au sein du MCU. On l'avait déjà brièvement aperçu dans Captain America: Civil War où il était une des très bonnes choses du film et la curiosité de le voir évolué dans un film solo n'était pas dissimulé. Surtout qu'étant un des personnage les plus emblématiques du catalogue Marvel même au sein des non-connaisseurs de comics, il a le potentiel de donner un intérêt nouveau à une franchise qui s'essouffle de plus en plus malgré quelques fulgurances qui persistent (Guardians of the Galaxy Vol.2 récemment) et lui apporter un supplément d'âme. Sous la direction de Jon Watts, jeune réalisateur qui à fait Clown un petit film d'horreur fauché et Cop Car, un thriller percutant qui a su créer la surprise, le MCU tente de montrer qu'il veut laisser sa chance aux petits cinéastes (Watts et son acolyte Christopher Ford ont même contribué au scénario) et avec ce Spider-Man: Homecoming, il tente aussi de toucher un nouveau public ; les enfants.


Cette nouvelle adaptation de l'homme-araignée est de loin celle qui est la plus adapté aux jeunes et le MCU n'avait jamais semblé autant viser cette génération. Son héros, l'univers et l'appropriation très clair de ce qui fait la "génération youtube" tout tente d'évoluer dans un cool adolescent qui n'est pas des plus subtil mais qui a le mérite de faire évoluer ce film dans un cadre que l'on avait rarement vu jusque là au sein du MCU. Cette volonté de faire de Spider-Man, un héros à petite échelle comme le bon samaritain du quartier permet d'apporter au film un aura plus personnel. Pas de grands gratte-ciels ici, le héros évolue surtout en banlieue et il se voit même confronter pour la première fois à l'altitude. Les épreuves que devra surmonter ce dernier sont minimalistes, presque intimistes car ce sont des avancées personnelles qu'il va faire plus qu'il va apporter sa touche au genre super-héroïque. En ça, le film manquera cruellement d'enjeux dramatiques forts malgré un petit twist assez bien senti qui donne un minimum de relief au dernier acte. Mais même si dans cette optique Peter Parker se montre attachant et très proche de son public, il lui manque quand même le poids des responsabilités. C'est louable que le film ne veuille pas jouer la partition de l'oncle Ben car elle a déjà suffisamment été vu mais cela fait que Spider-Man manque de motivation et de sens de la justice. Mettre Iron Man en père de substitution à clairement pour but de pallier ça mais la relation entre les deux est au final peu exploitée et un peu trop forcée pour totalement convaincre. Heureusement par contre qu'Iron Man ne prend pas le pas sur le personnage principal et que sa fonction reste assez limitée dans le récit même si il sert un peu trop de deus ex machina.


Ici, Jon Watts joue à fond la carte du teen movie décomplexé favorisant l'humour à toute forme d'émotions plus brutes. Et l'humour fonctionne, on rigole beaucoup ici dans ce film qui accumulent ses références sans grande finesse, le film Ferris Bueller's Day Off en tête, mais qui a le mérite de donner une saveur à l'ensemble. Le film ne révolutionne ni le teen movie, ni le film de super-héros et même si sur le point héroïque il se montre même particulièrement fade en raison de moments de bravoures quasi-inexistants, il arrive quand même à se montrer convenable dans ce qu'il propose. Même si il ne respecte absolument pas la mythologie de son personnage, prouvant que le MCU n'en as que faire des comics ce qui devrait faire taire ceux qui voient en eux les "fidèles" au matériau de base, il offre quand même un travail d'adaptation intéressant et logique avec l'univers des Avengers. On est jamais choqué ou offusqué de ce que le film oublie de son héritage car il le modèle avec une cohérence qui force le respect et qui nous donne vraiment le sentiment que ce Spider-Man fait partie d'un tout. Car savoir prendre des libertés dans une adaptation est louable parce que cela nous permet de voir une nouvelle version de ce que l'on a aimé, et ici le film ne trahit jamais l'ADN de son personnage et signe même une de ses versions la plus fidèle dans l'esprit et la moins agaçante.


De plus, le film sait aussi tirer parti des leçons de son univers. Là où le DCEU lorgne du côté du MCU avec son lissage très spécifique avec Wonder Woman. Depuis le début de cette phase 3 du MCU, on sent une volonté de se rapprocher aussi de ce que fait le DCEU. Avec Civil War, ils interrogeaient la responsabilité de leurs super-héros et dans ce Homecoming, ils montrent l'impact que ceux-ci et une invasion extraterrestre ont eut sur les petites gens. C'est d'ailleurs là où se trouve l'origine du méchant qui s'impose par des motivations pertinentes et qui se trouve assez nuancé par sa vivacité d'esprit qui n'en font pas le bête méchant dont on a été habitué avec le MCU. Il s'impose d'ailleurs comme un des meilleurs antagonistes de la franchise. Après l'intrigue est relativement classique, et avec son manque d'enjeux flagrants elle ne passionnera guère mais elle arrive à amuser grâce à sa palette de personnages plutôt réussis même si certains n'évitent pas les gros clichés. Les acteurs sont aussi excellent, Tom Holland en tête qui s'impose d'office comme un très bon Spider-Man mais surtout comme un excellent Peter Parker. Sans être le mec cool qu'était Andrew Garfield ni même le névrosé qu'était Tobey Maguire, il trouve le juste milieu et compose un personnage vif d'esprit, peu sûr de lui mais déterminé à faire ses preuves qui même si il joue beaucoup avec ses vannes pour détendre l'atmosphère, ils ne les ferra jamais passer avant l'action comme ce fut l'erreur du Spider-Man honteux de Garfield. Michael Keaton interprète un méchant solide et se montre sans peine très convaincant tandis que Robert Downey Jr vient cabotiner comme à son habitude dans le rôle de Tony Stark, un personnage qui aurait bien besoin d'évoluer.


Pour ce qui est de la réalisation, on reste dans ce que le MCU offre depuis un certain temps dans ses films. La photographie est relativement quelconque faisant plus série télé que film de cinéma tandis que le montage se montre aussi linéaire que possible et qui toussote beaucoup lors des séquences d'actions qui en deviennent peu lisibles et qui ne sont pas vraiment mis en relief par un score peu inspiré de Michael Giacchino. Jon Watts ne se montre pas non plus comme un metteur en scène particulièrement audacieux. Il se contente que de faire le strict minimum quand il ne réutilise pas certaines idées de ses prédécesseurs comme une scène de ferry pas si impressionnante qui renvoie à la scène du train de Sam Raimi dans Spider-Man 2 ou encore une scène d'ascenseur qui évoque le final de The Amazing Spider-Man 2 de Marc Webb. Comme toujours chez le MCU, la mise en scène est donc en option et Watts n'arrive jamais à rendre un passage exaltant ou mémorable pour un film qui finit par manquer cruellement d'action et qui brille plus lorsqu'il joue la carte de la comédie adolescente minimaliste.


Spider-Man: Homecoming aurait pu nous faire craindre le pire et même si il s'impose comme un film de super-héros particulièrement pauvre, il reste un teen movie assez réussi. En résulte un film satisfaisant qui ne marquera pas les esprits malgré de bonnes idées ici et là, et un aspect personnel légèrement plus prononcé que les standards du MCU. En somme, même si la franchise tente plus que jamais de connecté son univers et de gommer ses défauts, elle ne change pas vraiment. Elle se contente juste de faire de l'efficace pour de l'efficace sans véritables réflexions de cinéma derrière. Le résultat n'est pas honteux et plaira aisément au public mais les prises de risques sont trop minimes pour ne pas être calculées pour un Spider-Man: Homecoming qui sait exactement comment faire pour se mettre son audience dans la poche. Spider-Man rejoint donc l'écurie MCU par la petite porte, ne bousculant pas l'ordre établi et on n'a plus qu'à espérer que du concret soit apporté avec sa suite et que celle-ci ne négligera plus les enjeux dramatiques. En l'état, la victoire se fait sans étincelles et les interrogations sont pour l'avenir car le MCU ne pourra plus camper sur ses positions et devra vraiment prendre des risques.

Frédéric_Perrinot
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le 19 juil. 2017

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