Prêtres et pédophilie, en voilà un sujet compliqué à traiter au cinéma. Pourtant Spotlight s’en sort avec brio, suffisamment touchant sans tomber dans le pathos tire larme téléfilmesque, suffisamment direct et percutant sans sombrer dans le trash voyeuriste malsain, suffisamment neutre sans pour autant être froid ou insensible. Finalement le film brille principalement par les écueils évités, c’est rythmé, rentre dedans, ça joue très bien, c’est carré, y’a rien qui dépasse. Un casting de premier ordre fait son taff à merveille, mené par un excellent Michael Keaton (qui n’a jamais autant ressemblé à Julien Lepers): tout le monde est crédible en journaliste d’investigation, et tout le monde porte avec brio les rares séquences émotions. Le fond du film offre une justesse exemplaire sur le sujet qu’il traite, et rend le scandale aussi scandaleux qu’il l’est, traitant la fiction avec autant de sérieux que la réalité au travers de personnages suffisamment approfondis pour être attachant sans pour autant nous éloigner du réel. On sort dégouté, alarmé, c’était le but non? Un oscar du meilleur film amplement mérité, autant par la justesse de la réalisation que par la démonstration de puissance du cinéma comme vecteur de messages difficilement soutenables.