Quatre étudiantes qui s'ennuient décident d'aller faire le Spring Break en Floride.Harmony Korine nous fait bien ressentir le morne quotidien de ces filles en filmant des lieux propres,vides et déshumanisés.Le cauchemar climatisé,comme dirait Henry Miller.Mais il décrit aussi avec une ironie cinglante les errements d'une certaine jeunesse américaine,qui n'existe d'ailleurs pas qu'en Amérique,et pour qui vivre signifie faire la fête en permanence.Et faire la fête,pour ces jeunes,c'est se mettre minables en dansant à poil en écoutant du rap,en se saoûlant la gueule,en se shootant et en baisant à tout va.Parce que le Spring Break,ces méga rassemblements de fin d'année universitaire,ça se résume à ces activités.L'orgie romaine ininterrompue en quelque sorte,le règne de l'homo festivus.Donc,ces filles sont de parfaites débiles mais,une fois sur place,elles tombent sous la coupe d'un gangster local complètement fracassé,grand numéro de James Franco,et vont peu à peu revenir à la réalité,au prix de la perte de leur innocence.L'incontestable virtuosité du réalisateur constitue à la fois la force et la limite de "Spring Breakers".Korine filme admirablement bien et aligne des plans remarquables d'efficacité et de beauté,maîtrisant la géométrie de l'espace et rendant justice aux superbes paysages de Floride,au point qu'on se croirait parfois dans le "Miami Vice" de Michael Mann.Mais il s'enivre de son propre talent et se regarde filmer,multipliant les affèteries stylistiques.Et il nous fait de tout:des filtres de couleurs diverses,du flou,de l'image déformée,de l'image à l'envers,des zooms avant-zooms arrière.Sans oublier une narration éclatée à base de dialogues décalés par rapport à l'image ou d'aller-retours répétitifs dans le temps.Bref,le mec se fait plaisir,au détriment des personnages,dont ça nous éloigne et pour qui on n'éprouve aucune empathie,de la vraisemblance de l'histoire,malmenée par cette mise en scène frimeuse,et de la continuité d'un récit qu'on parvient à suivre mais dont le cheminement cahotique rend la vision pénible.Les rôles principaux ont bizarrement été confiés à des vedettes de séries télé pour ados bien propres sur elles et qui n'hésitent pas ici à casser leur image lisse.Il y a Selena Gomez,icône Disney Channel,et Vanessa Hudgens,de "High School Musical".Une des nanas est interprétée par Rachel Korine,qui n'est autre que l'épouse d'Harmony.

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le 27 janv. 2017

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