Pour repartir, il faut parfois travailler à la truelle

Ce Star Trek fera sûrement du mal aux fans de la saga originelle, tout en les réjouissant un peu. La réinterprétation que nous propose Abrams est en effet globalement bien fichue, même si elle cède trop facilement à certaines sirènes.

Tout d'abord, celle du grand public. Pour imposer les personnages classiques au grand public, Abrams nous les présente dans un contexte très différent. Si les références aux épisodes originaux sont nombreuses, les changements opérés dans l'histoire sont parfois très brutaux et pas forcément heureux.

Ensuite, celle de la modernité. Pour le Star Trek d'aujourd'hui, on cède aux canons hollywoodiens. Action omniprésente (et souvent chiante, il faut le dire), clichés limites (Sulu, grand amateur d'escrime au fleuret, devient ici un manieur de... katana... Plus cliché, tu meurs), volonté d'en mettre tout le temps plein les yeux au public...

Enfin, celle des fans. Car Abrams ne voulait pas non plus se couper de cette base importante. Mais satisfaire les puristes et les amateurs n'est pas forcément chose aisée. Ici, c'est le scénario qui trinque : trop tarabiscoté, il a du mal à prendre.

Qui dit nouvelle mouture dit nouvelle identité visuelle. Je n'ai personnellement aucun problème avec le casting, plutôt bien réussi. Par contre, les éléments ajoutés pour le film m'ont semblé assez mal fichus. Je pense principalement aux deux vaisseaux futuristes. Mal pensés, ces vaisseaux ne se fondent pas assez dans le paysage imaginé par Roddenberry. Ce sont des vaisseaux visuellement assez moyens, et de très mauvais vaisseaux Star Trek.

Autre échec : Nero. Ce nouveau méchant, dangereux, vicieux et mortel manque terriblement de charisme et de prestance. Le jeu peu inspiré d'Eric Bana ne vient pas aider à améliorer les choses.

Car finalement, ce film ne vaut pas pour son méchant, ni son histoire, ni quoi que ce soit d'autre. Ce film est un échafaudage très casse-gueule qu'il a fallu consolider tant bien que mal. Car grâce à lui, Abrams a prévu de construire de superbes cathédrales. Noble intention. Espérons qu'elle sera réalisée.