Il n’y a pas si longtemps, dans la galaxie hollywoodienne, Star Wars était synonyme de grande saga conjuguant science-fiction, épopées spatiales et tragédie. Depuis 1977, ce space opera a conquis des millions de fans qui attendent la sortie de chaque nouvel épisode avec impatience. Il faut dire qu’ils ont été gâtés : la saga s’est déployée en trois trilogies comptant neuf films au total. Cette Ascension de Skywalker a donc la lourde responsabilité de conclure non seulement une nouvelle triade entamée en 2014 mais également tout un feuilleton familial se s’étalant sur trois générations et neuf films. Face à de telles attentes, la mission du réalisateur J. J. Abrams était quasiment impossible mais rien ne laissait présager d’une telle catastrophe industrielle.


Alors que les deux premières trilogies s’articulaient autour du destin tragique du héros, l’affranchissement du passé et de son héritage et la principale thématique de ce dernier cycle. Cette approche astucieuse a permis non-seulement d’aborder l’univers Star Wars sous une nouvelle perspective mais également de parler du statut de la franchise elle-même. En effet, Georges Lucas ayant vendu la marque Star Wars à Disney, il fallait désormais continuer l’épopée sans son créateur originel. En plus d’un discours méta plutôt bien vu où J. J. Abrams tuait littéralement le père dans l’épisode 7, des nouveaux personnages ainsi que certaines audaces prometteuses de l’épisode 8 laissaient augurer un dépoussiérage et une remise en question d’un univers qu’on croyait connaître par cœur. Malheureusement, il n’en est rien. Pire, ce neuvième et dernier épisode effectue un total rétropédalage par rapport à tout ce qui avait été amorcé dans les deux précédents opus, notamment en convoquant l’antagoniste principal des six premiers films sans aucune cohérence avec le récit de la présente trilogie. A croire que soudain, J. J. Abrams a pris peur de ses propres audaces et a voulu rentrer dans le rang. Cette démarche est non-seulement un manque de respect vis-à-vis de ce qui avait été construit pour légitimer cette nouvelle trilogie mais également un grand doigt d’honneur à Georges Lucas, annihilant les enjeux et la pertinence des six premiers films. Extrêmement mal écrit, le scénario se résume en une succession d’invraisemblances décousues qui n’a d’autre but que de transporter des personnages d’un point à un autre de la galaxie. Les menaces se veulent démesurées mais c’est une absence totale de tension et d’émotion qui se dégage de cet alignement de scènes programmatiques et désincarnées. Embarrassé par tout ce vide, le réalisateur se croit malin d’agiter sa caméra pour donner l’illusion d’un rythme frénétique. Il n’a pas compris que secouer ne va pas le remplir. Le travail pourtant appliqué des décorateurs, costumiers et responsables des effets spéciaux est impossible à contempler à travers cette caméra parkinsonienne. Bref, ce point d’orgue d’une saga qui se sera étalée sur 42 ans et neuf films est raté sous toutes les coutures. L’Ascension de Skywalker entérine la chute de la franchise Star Wars phagocytée par l’empire Disney qui a une obscure tendance à transformer tout ce qui entre dans son giron en parc d’attraction.

el_blasio
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le 7 janv. 2020

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