Je tiens juste à écrire ce qui peut justifier qu'on foute un 3 en toute honnêteté intellectuelle ou affective au film qui battra tous les records du monde en fréquentation, marketing, production, etc, qui sera dans le Top IMDB, SC, Allociné ; le film dont le monde entier parle et même LeMonde.fr en une ; celui qui permettra aux salles de bien clôturer leur exercice 2015 en évitant de le passer en VO pour ne perdre une miette de l'engouement collectif.
Un 3 pour une oeuvre de ce calibre, pour un monstre annoncé, caché, ficellé avec la grâce du grand marketing, avec les menaces de procès aux média qui auraient spoilé avant sorties en salle, bref ne peut se justifier que dans un contexte, celui des épisodes qui précédent, qui nous ont en général marqués, ou/et dont le moindre élément a marqué la culture populaire : du barrissement d'éléphant mixé au bruit du micro grésillant pour le vaisseau qui passe à côté de nos oreilles grâce au THX, au générique jaune qui va dégressif après le gros son qui à l'époque reprenait celui de la Century, au "Je suis ton père" ressorti jusque dans l'interview matinale de Cohen à un homme politique.


Donc je resitue juste un peu : il y a trente ans quand j'ai vu au ciné Le retour du Jedi, voir Star Wars c'était assister à un shoot absolu de geek avant l'heure : Tout était fabuleux, la bande-son à contre-pied des sons expérimentaux électroniques (synthé bannis de la bande-son, si, si !), une musique d'orchestre de type romantique pour un soap opéra (il fallait oser là aussi) qui sonne désormais comme l'hymne des geeks du monde entier en nous faisant couler une larme d'émotion dès les premières notes, des acteurs aux répartis uniques "-Je t'aime ; -Je sais", un Vador qui arrivait accompagné d'une musique propre qu'en chantonnant en soirée permet au voisin de canap de parodier la respiration artificielle sous masque. On l'a tous fait, ou presque.
Bref on assistait au génie, au croisement inédit et audacieux, d'une série à vocation populaire avec des symboles freudiens avec une sauce arthurienne, le tout dans une ambiance de tragédie grecque et de combats highlanderiens, et aussi de combats spatiaux qu'on souhaitait reproduire sur Amstrad.


Le contexte pour moi c'était ça, on pourrait développer sur 200 000 caractères mais je pense qu'on est d'accord. La suite ce fut une prélogie, plus ou moins ratée ou réussie, mais qui apportait quelques éléments de plus, planètopoles fascinantes, la cité aquatique, planète en fusion, l'idée des clones, etc.


Alors comment ça, ce nouveau monstre de l'industrie cinématographique peut fasciner ?
spoil à partir d'ici


En fait rien de nouveau, comme cette impression d'avoir un tube qui reprend un tube en le mixant. Il semble que le but de Disney ait été de reprendre TOUS les ingrédients de l'ancienne trilogie, auto-références à outrance à en vomir.
Copie/colle : Les planètes-les mêmes, le scénario (on revient au départ), les duos héros et du robot qui contient la carte qui servira la résistance, planètes explosées par la nouvelle arme fatale qui permet cette fois de mettre au pluriel, la scène du pont où cette fois le fils tue le père, le même jazz-club, les mêmes jeux en 3D dans ce club), la nouvelle étoile noir en plus grosse, les vaisseaux n'ont pas évolués, ces mêmes vaisseaux qui attaquent la boule galactique, les costumes non plus, le duo côté méchant Vador et le militaire qui le critique, les mêmes races d'extra-terrestres comme état-major, les répliques cette fois ratées et navrantes qui se veulent humoristiques mais n'arrivent pas à la cheville de celles des Gardiens de la Galaxie, les cache-poursuites dans les couloirs des premiers épisodes, bref... non rien du génie créatif de Lucas. Pas de nouveaux sons, pas de surprises, pas de Jedi à la peau verte (ou je ne sais pas bleu et des dreads, tiens !) Franchement rien, ah si le poulpe-spirale denté, tout de même !). La magie de la force s'est volatilisée définitivement avec le méchant le moins crédible de l'histoire du cinéma qui a la voix de Thanos, ou d'un mec qui a fumé toute sa vie mais qui semble être en seconde avant de faire une première littéraire, et son chef, une sorte de Gollum (mélangé à ET) au crâne engoncé sur l'oeil, qui rappelle aussi le méchant du Hobbit, et à la fin un Jedi du troisième âge qui sort de Gladiator et qui ne fera pas rêver ma fille (cette fois).


Tout ça pour ça ?
Sérieusement ?
Fin du rêve, pourtant souhaité. Le Faucon millenium cahote comme ma première Panda. A moins de finir dans un désert intellectuel, artistique, conceptuel. On a pris les mêmes et on a voulu recommencer.
Mais côté idées, c'est le vide inter-galactique, une mascarade de Noël.
Le mythe restera le mythe et le reproduire une erreur...
A vouloir faire du neuf avec du vieux, nous assistons au crépuscule de nos idoles, non, que dis-je ?, pire :
Disney a enterré mon enfance après l'avoir pillée.

Ochazuke
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le 18 déc. 2015

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