19h30 - Ça y est, enfin, après une journée plutôt déprimante, je retrouve en plein centre-ville une bande de quidams aux visages familiers. Ça faisait des mois que l'ont attendait ce moment, dans mon pantalon, le premier pick pocket du coin pouvait y trouver mes clés, 20 euros et un ticket, réservé depuis deux mois, pour Star Wars : Le Réveil de la Force, avec une séance en 3D prévue pour 20h30. Le voleur peu attentif aurait également pu tomber nez à nez face à une érection grandissante au fur et à mesure que je me rapprochait du cinéma. Jamais, au grand jamais, je n'aurais pensé croisé autant de Darth Vader, Mace Windu et autre Boba Fett un mercredi soir, surtout pendant la période de rush avant les vacances de Noël, je crois même avoir aperçu un Spock égaré et visiblement confus.


Tradition au sein de notre petit groupe d'épicuriens, toujours aller déguster le meilleur kebab de la ville avant une séance, dans le pire des cas, si le film est décevant, le gras accumulé au préalable nous rendra tout de même jouasse et nous fera passé un bon moment, dans le cas contraire, si c'est une réussite, le plaisir n'en sera que renforcé. J'entamme donc mes frittes et mon coca, quand une musique familière vient carresser mes tympans et résonner dans mon coeur. Je me retourne donc et apperçois Obi-Wan, Darth Maul, Palpatine et Anakin se goinfrer à l'agneau grillé, dans le plus grand des calmes.


20h - On s'empresse donc de rejoindre le cinéma à 2 pas de là, histoire d'être en avance et de récuppérer des places convenables. Seulement, lorsqu'on arrive devant le bâtiment, stupeur ! On assiste à un spectacle assez impressionant, une file d'attente démarrant dans la rue pour se terminer au deuxième étage. On comprend rapidement, après un rapide coup d’œil à travers les baies vitrés du second, que tous ces lambdas sont plus à l'étroit là haut qu'ils ne l'auraient été un samedi soir au Macumba Night. Pour notre petite bande commença donc une attente, plutôt sympathique et pas si interminable que ça, au rez-de chaussée sur fond de Bowie. Alors qu'un StormTrooper tente de doubler dans la queue et que Space Oddity se fait entendre à travers les enceintes, je murmure doucement à mes camarades qu'on a eu raison de venir ici et de faire l'impasse sur nos révisions pour l'examen du lendemain.


20h30 - La foule s'est rapidement dissipée, la maison avait prévu le coup en ouvrant deux salles de plusieurs centaines de places. Faute de mieux, on trouve quelques places de libres dans les premiers rangs puis on patiente jusqu'au début du film. Fait intéressant, pour la première fois de ma vie, j'ai pu assisté à quelque chose d'assez marrant, certaines personnes, et quand je dis certaines, je parle des 3/4 de la salle, semblaient vraiment impatientes, et quand je dis impatientes, j'entend totalement hystériques, se sont misent à crier et à huer quand un chronomètre affichant les 15 minutes restantes avant le début du film est apparu.


Quand finalement, le célèbre thème principal de la saga retentit dans la salle, l'agitation qui avait lieu durant les bandes-annonces laissa place à un silence religieux de quelques secondes, suivit de nombreux cris et applaudissements à ne pas piquer des hannetons.


Et enfin, le moment que vous attendiez tous ... je vais enfin parler du film. Ne vous inquiétez pas, c'est garanti sans spoilers, en revanche si vous souhaitez conserver une surprise totale en découvrant cet épisode 7, je vous conseille de scrollez sans plus attendre pour découvrir ma conclusion. Pour les autres, si vous désirez lire la suite, la force, vous userez.


Whoa ! Ce fut certainement ma première réaction. Ce qui tape dans le l’œil en premier, c'est très certainement les images de toutes beeaauutée qu'on nous sert dès les premiers plans. Une chose est sûre, J.J. Abrams et son équipe ont fait un boulot extraordinaire sur le plan visuel. Techniquement comme on pouvait s'en douter, c'est grandiose, mais c'est surtout l'aspect esthétique qui fait plaisir. Chaque scène, chaque plan, chaque image est calibrée au millimètre près et travaillée avec une précision d'orfèvre, mention spéciale pour la photographie. J.J. Abrams nous offre une mise en scène sobre, plutôt simple, mais diablement efficace, comme on pouvait s'y attendre, l'amoureux des lens flare qu'il est a tout particulièrement veillé à soigné l'utilisation de la lumière. D'ailleurs, le spectateur attentif pourrait se contenter de la lumière pour comprendre l'histoire, tellement celle-ci est utilisé à la quasi-perfection (peut-être de manière un peu trop évidente, certes) dans chaque scène. Bien évidemment, vos oreilles ne seront pas en reste, le bon vieux Johnny est de retour pour vous mettre au tapis, avec de l'écume plein les lèvres en même pas deux minutes. Côté casting, c'est une très bonne surprise, Carrie Fisher et Harrison Ford semblent s'amuser comme jamais, et les nouveaux venus, John Boyega, Adam Driver, Daisy Ridley et Oscar Isaac offrent des performances plus que satisfaisantes.


Dès les premières minutes, le ton est donné, le film s'ouvre sur un massacre qui dévoilera plusieurs personnages centraux de ce septième épisode, ainsi que l'objectif poursuivi à la fois par la rébellion et par le premier ordre (qui fait, de manière totalement fortuite j’imagine, bizarrement penser à un certain 3eme je sais plus trop quoi ...). C'est à ce moment là que l'ont aperçoit pour la premier fois l'antagoniste, Kylo Ren, et que l'on comprend qu'il aura une place importante dans l'intrigue, lui, contrairement à d'autres sith (pas vrai môssieur Maul), mais également qu'il atteint un niveau de badassitude quand même plutôt élevé (badassitude qui redescendra tout même en flèche au bout d'un certain moment, surtout quand son prénom est révélé, ça fait con quand même ... plus j'y pense, et plus je me dis que si il s'était appelé Anthony ou Jérémi, on aurait quand même bien plus rigolé).
Malgré cette intro plongée dans une ambiance lourde, le reste du film à un côté très cool, détendu, second degré voire parfois bon enfant. On enchaîne blagues sur blagues, clins d'oeil sur clins d'oeil ... et ça fonctionne plutôt bien. Même si certaines ruptures de tons sont certainement un peu trop brutales, et pas très naturelles.


C'est d'ailleurs là qu'est le plus gros défaut du film à mon sens, il est trop court, ou en tout cas, trop mal découpé. Le premier moment où j'ai tiqué, c'est quand les personnages joués par Oscar Isaac et John Boyega se sautent dessus pour se faire un câlin (moyennement viril en plus) comme si ils se connaissaient depuis 20 ans et qu'ils venaient de se retrouver après 5 ans d'absence, alors qu'avant ça, ils ont moins de 10 minutes de temps d'écran ensemble. Certains passages durent bien trop longtemps, je pense par exemple à une scène où Kylo Ren essaie de manipuler l'esprit d'un des protagonistes pour obtenir des informations, seulement pour se rendre compte que ce personnage possède la force. Cette scène dure presque 5 minutes, 5 minutes qui auraient facilement pu être transformées en 2, et nous, on aurait évité de regarder pendant 5 minutes deux acteurs cabotiner comme pas possible en se fixant dans les yeux. Il y a donc un vrai problème de rythme, certains passages mériteraient de faire 5 minutes de plus, de manière à ce que les événements qui en découlent ne semblent pas trop brutaux, d'autres 5 minutes de moins.


Un des autres point qu'on peut aisément comparer à un défaut, c'est la structure de cet épisode VII. C'est littéralement une copie-conforme de celle de l'épisode IV. A quasiment aucun moment vous ne serez surpris si vous connaissez A New Hope sur le bout des doigts.


Vous vous demandez sûrement pourquoi j'ai divergé si longuement à propos de la situation dans laquelle j'ai vu le film. Et bien tout simplement parce que pour moi, bien plus que le métrage en lui même, c'est l'ambiance qui entourait la sortie de ce monument, et l'excitation collective qui s'est emparé de centaines de personnes au même moment, au même endroit, qui restera gravé dans ma mémoire. Rarement je n'avais eu la chance de participer à une séance où les spectateurs étaient aussi enthousiastes, c'est bien simples, même les bande-annonces ont été chaudement reçues, pourtant bah ... c'est que des trailers, avant Star Wars qui plus est. Mais c'est durant le film en lui même que ce côté convivial ET épique était le plus fort, à chaque blagues, chaque élément un tant soit peu humoristique, le public éclatait de rire, de la même manière qu'une jeune fille en fleur devant un spectacle de Kev Adams, en pouffant à travers leurs appareils dentaires. Mais ce qui rendaient ça touchant, et non pas ridicule, c'est qu'il y avait très peu de gosses, et que le public semblait être dans l'ensemble mature, et même certains spectateurs, qui étaient sûrement déjà présent lors de la sortie du Star Wars originel, retrouvaient leurs visages de gamins. On était tous comme des gosses devant le film, et personne ne pouvait s'empêcher de manifester son enthousiasme et sa bonne humeur dès que l'occasion se présentait.


L'intégralité de la salle à donc passée près de deux heures et demi avec des yeux d'enfant, et un sourire niait sur le visage. Bien sûr, Star Wars : Le Réveil de la Force n'est pas un film exempt de défaut. Mais c'est ce plaisir décomplexé que nous avons tous ressenti en regardant le blockbuster des blockbusters qui a rendu ce moment si spécial, nous ne nous connaissions pas, et pourtant, nous avons partagé quelque chose de bien plus fort que des mots ne pourraient le retranscrire. En sortant de la salle, personne ne pouvait s'empêcher de rire et on respirait la joie de vivre, même en descendant les escaliers recouvert de crasse et puant la pisse qui mènent à la ruelle derrière le bâtiment. Et c'est à cet instant, alors que j'exposais un sourire qui me déformait le visage, et que mes narines humait ce doux parfum d'urine, que j'ai compris ...


... C'est le fait de vivre des instants comme celui-ci qui me permet de tracer ma route.

KND
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le 17 déc. 2015

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KND

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