Huitième épisode de la saga Star Wars, The Last Jedi est sorti il y a moins de deux semaines et je dois être un des derniers parmi mes contacts à l’avoir vu. Autant dire que la survie sur les réseaux sociaux en évitant les spoilers a été quelque peu rude, mais ça en valait la peine.


Parce que, sans trop divulguer quoi que ce soit de l’intrigue – si vous n’avez pas encore vu le film, je vous conseille néanmoins de reporter cette lecture à plus tard – un des principaux ressorts de ce film est, justement, la surprise. Déjà, c’est un film dont le thème central est celui de l’échec.


On va retrouver le trio de héros du précédent film: Rey, la jeune fille de la planète perdue qui s’éveille à la Force, Finn, l’ancien stormtrooper passé à la Rébellion, et Poe, le pilote casse-cou. À ce trio va se rajouter Chewbacca – qui prouve au passage que c’était lui et non Han Solo qui était le vrai pilote du Millenium Falcon – BB-8, le R2D2 postmoderne, et Rose Tico (Kelly Marie Tran), une technicienne rebelle.


Ce qui est déjà un point intéressant par rapport aux films précédents: on a beaucoup plus de personnages principaux, également plus de personnages secondaires qui ne sont pas seulement là pour faire tapisserie, et tous ce petit monde gagne également en profondeur, ce qui n’était pas évident au départ.


Ainsi, Rey (Daisy Ridley) semble obnubilée par l’absence de ses parents, Poe (Oscar Isaac) est un casse-cou avec le sens tactique d’un joueur de jeu de rôle, quant à Finn (John Boyega), il paraît hanté par son passé d’ancien soldat de l’Empire et est prêt à tout pour se « racheter » – ou cherche quelqu’un à protéger à tout prix.


On a également l’impression que les auteurs ont rebondi sur le personnage de Kylo Ren (Adam Driver), qui avait été quelque peu la risée des Interwebs pour son côté « gamin emo », et jouent à fond sur ce point et en faire, là encore, un personnage bien plus profond et intéressant.


Autre trouvaille: il y a dans ce film une unité de temps symbolisée par le compte à rebours qui menace la flotte rebelle. Les héros ont dix-huit heures pour trouver une solution, sinon c’est l’anéantissement. Ça rajoute une tension d’autant plus forte qu’on comprend que c’est vraiment le dernier carré de la Rébellion qui est menacé.


Alors, oui, il y a dans The Last Jedi un grand nombre de passages obligés: les combats spatiaux ou aériens, les duels à l’épée laser et les poursuites dans des décors ahurissants. Mais il y a également beaucoup de surprises – et notamment beaucoup de clins d’œil aux autres films de la saga, mais repris et détournés.


Si vous voulez mon avis, il était temps. Après, un The Force Awakens qui lorgnait vers – voire repompait carrément, jusqu’aux transitions moisies – A New Hope, The Last Jedi s’inspire certes de The Empire Strikes Back, mais il s’en inspire seulement.


C’est aussi un des premiers à mettre en avant des thématiques fortes – la notion d’échec, comme mentionné, mais aussi le rapport au passé, aux légendes et à la lignée. En grattant un peu, on peut également trouver des thèmes similaires dans les autres films, mais ils ne m’ont jamais paru aussi évidents dans celui-ci.


D’ailleurs, cette mise en avant de l’échec permet de mettre en place des moments réellement dramatiques – avec rien de moins dans la balance que la survie de la Rébellion – mais aussi des scènes comiques pures, en dehors des habituelles facéties des seconds rôles (genre C-3PO). Il y a également quelques surprises purement visuelles (le fer à repasser!) assez géniales.


Autre élément qui m’a frappé: le traitement de la diversité. Ainsi, on a un « empire » (OK, First Order, mais on ne va pas chipoter) composé d’uniformes et d’un commandement en grande majorité humain, masculin et blanc, alors que la Rébellion affiche des combattants très divers et un commandement majoritairement féminin (mais aussi humain).


Après, je peux comprendre qu’on ne soit pas sensible à ce côté très meta, mais personnellement, c’est quelque chose qui ne se ressent qu’a posteriori. Ce degré de lecture n’ôte rien à l’appréciation du film en tant que tel.


Cela dit, il faut aussi accepter de se laisser porter par un côté « science-fantasy », où les combats spatiaux ressemblent beaucoup à des combats navals, y compris les vaisseaux qui dérivent de travers quand ils n’ont plus de carburant et la notion de « bombardiers » spatiaux.


Je ressors de ce film avec une impression plus que positive; j’ai lu quelque part que c’était le premier Star Wars « adulte » (ce qui n’est pas un euphémisme pour « porno »); ce n’est pas tout à fait vrai, il y a eu Rogue One avant qui a montré la voie et, à mon avis, ce The Last Jedi doit beaucoup à ce film.


J’ai lu pas mal de critiques très négatives sur The Last Jedi, auxquelles je ne me rattacherai pas. En voulant vraiment aller loin dans le meta, je dirais que ce film reflète le rapport au passé qu’il décrit: si on s’attache trop aux œuvres antérieures, on perd de vue ce qui est important: le moment présent. Pour moi, The Last Jedi est un des meilleurs films de la série épicétou.

SGallay
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le 26 déc. 2017

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