Le Premier Désordre

Après un épisode VII stérile qui ressassait beaucoup trop l'épisode IV j'avais un peu peur qu'ils réitèrent la formule en puisant cette fois-ci dans l'épisode V comme le laissait présager le fameux entraînement teasé dans la bande annonce. On a quand même de grosses similitudes scénaristiques mais le film s'avère plus novateur que son prédécesseur, voire volontairement destructeur envers ce dernier et plus largement envers toute la saga.

On replonge d'emblée dans un rapport de force qui sonne très familier, on se croirait presque revenu à la case départ : avec l'empire d'un côté et la rébellion de l'autre, comme au bon vieux temps.

L'intrigue principale prend la forme d'une course poursuite spatiale qui se traîne trop longtemps au vu de sa débilité. Pas besoin d'être un fin stratège galactique pour savoir comment le premier ordre peut plier l'affaire en 2 secondes. D'ailleurs pas mal de personnages sont volontairement tournés en dérision avec des choix de casting pas forcément très judicieux. Déjà que le manque de charisme de Kylo Ren avait été moqué allégrement c'est peut être pas la peine de ridiculiser tout le monde, d'autant plus que Luke et Leia ont aussi bien morflé.

L'humour à tendance lourdingue est très présent dans le film mais il ne fait pas souvent mouche et le recours aux petites bestioles mignonnes devient un peu trop systématique. En parlant de bestiole Chewbacca la met en sourdine pour une fois et ses courtes apparitions trahissent les problèmes des scénaristes qui ne savent plus quoi faire de ces anciens personnages emblématiques devenus presque inutiles comme R2 ou C3PO.

Par contre c'est dommage de ruiner certains nouveaux personnages à potentiel comme le mystérieux Snoke qui semblait pourtant être le seul méchant d'envergure. Au lieu d'essayer de lui créer un background on remet le paquet sur le colérique Kylo Ren. Du côté des gentils rebelles les nouveaux venus ne sont pas non plus des monstres de charisme, c'est le moins qu'on puisse dire. ils semblent surtout être là pour respecter la charte officieuse qui prévaut actuellement sur le féminisme multiculturel ostentatoire.

La séquence finale rappelle également celle du début de l'épisode V, à se demander pourquoi tant de références, mais l'apparition de Luke en mode Matrix apporte un peu de sel à la scène quitte à flirter avec le grotesque comme dans plusieurs passages du film. Sa réaction mythique quand Rey lui tend le sabre sur l'île fait partie de ces quelques idées funky appréciables au milieu d'une aventure peu captivante, pour ne pas dire longuette à plus d'une reprise.
Même les batailles spatiales ou les duels au sabre sont bien moins spectaculaires qu'il y a 40 ans, ça manque vraiment d'épique et d'une politique créative réfléchie parce que hormis s'amuser à détruire ou à détourner les fondamentaux de la saga le film n'apporte rien de substantiel en retour.