La révolution des fourmis

Dans le futur, trois amis étudiants s’enrôlent dans l’armée pour aller combattre les hordes d’insectes géants qui ont déclaré la guerre aux humains. Seulement, l’ennemi se révèle bien plus intelligent qu’il n’en a l’air…

Réputé comme une satire mordante et sans concession de l’impérialisme américain et des velléités guerrières des Etats-Unis, il est en réalité difficile de faire la part des choses dans le film de Verhoeven. En effet, la critique, si elle est parfois très claire et assez juste (le haut commandement déconnecté de la réalité du terrain, les journalistes rendus complètement inconscients par leur goût du spectacle…), reste souvent assez ambiguë pour qu'on ne sache pas très clairement si Verhoeven fait plutôt un film antimilitariste ou antiaméricain (ou les deux).
Toute la question serait finalement de savoir si ce film existe d’abord en tant que blockbuster ou en tant que satire. Car il faut dire que du point de vue "blockbusteresque", le réalisateur hollandais s’en tire parfaitement. Si la mise en scène manque parfois d’une certaine fluidité, elle n’en est pas moins grandiose, et son souffle épique est parfaitement entretenu par la musique ample et héroïque de Basil Poledouris. Dommage alors que les personnages manquent par trop de finesse, quoique l’antimilitarisme sans nuances que l’on craint de voir s’étaler à l’écran pendant les scènes d’entraînement, très caricaturales, se voit finalement atténué par les scènes de combat, lors desquelles on ne sait plus trop si l'antimilitarisme est vraiment de mise, le scénario justifiant tout-à-fait le bien-fondé de la guerre menée par les humains par le caractère sanguinaire, dénué d'âme comme de conscience, des adversaires que les hommes cherchent à éradiquer.
Dans tous les cas, si on arrive à supporter la vision de ces bestioles répugnantes, parfois du plus pur mauvais goût, le divertissement reste honnête et tout-à-fait regardable, quoiqu’il ne puisse pas non plus prétendre au statut de chef-d'oeuvre.