Ce qu'on fait n'est pas censé être le meilleur de soi.


I love that you don't care how much money a person makes, you care what they make. But what you make isn't supposed to be the best part of you.



Pas de spoiler


Tout d’abord, je tiens à dire qu’il faut aborder ce film avec un peu de recul. Si vous ne connaissez pas un minimum le monde d’Apple et carrière de Steve Jobs, renseignez-vous un peu ou alors acceptez de voir le film sans forcément comprendre tous les dialogues.
En effet, c’est une longue série de dialogues lourds à avaler et décrypter. Parfois vous serez un peu perdu et aurez du mal à suivre. Mais dans le fond, ce n’est pas tout le jargon technique qu’il faut comprendre, mais les deux côtés de Steve Jobs que nous offre Danny Boyle et le message caché qu’il veut nous transmettre.


Comme bien des choses dans l’univers Apple et la vie de Steve, le film respecte la règle de trois : on a donc le droit à trois moments clés de la carrière de ce génie à qui l’on doit le premier ordinateur accessible au grand public et tel qu’on le connait, mais aussi trois moments clés de sa relation avec sa fille et avec les gens qui ont marqué son évolution, aussi bien professionnelle que personnelle, car dans le fond, l’un ne se dissocie pas de l’autre. Bien sûr, ce ne sont pas ses présentations que l’on connait bien qu’expose Boyle mais les quelques minutes les précédant.


On découvre l’arrière du décor, un Jobs qui n’est peut-être, dans le fond, pas aussi confiant qu’on puisse le croire mais un Jobs perfectionniste, exigeant et qui va toujours jusqu’au bout. Effectivement, il ne fait rien à moitié. Qu’on l’apprécie ou qu’on le déteste, on ne peut pas lui reprocher de bâcler quoi que ce soit. C’est un homme qui toute sa vie a prêté énormément d’attention à tous les détails, aussi petits ou insignifiants aux yeux des autres soient-ils. Pour Jobs, chaque millimètre comptait. Et ce film réussit non seulement à nous montrer cela mais réussit aussi à approfondir le personnage, lui donner cet aspect multidimensionnel qu’on possède tous mais qui lui a souvent été confisqué aux yeux du public.


La performance de Fassbender est exceptionnel, un travail sur les dialogues vraiment brillant. La transformation se fait petit à petit, durant la première partie on ne retrouve pas forcément l’image de Jobs qu’on a tous en tête. Mais à la fin, quand on le voit de profil, ou particulièrement durant la scène où il nous fait un peu de yoga pour décompresser avant l’heure h, ça ferait presque froid dans le dos tellement la ressemblance est marquante.


Fassbender arrive à jouer à la perfection un personnage introverti qui se retrouve pourtant exposé au monde. Il délivre ses répliques avec une exactitude qui lui ait bien propre. La relation avec Lisa, sa fille, est certainement la plus intrigante et intéressante du film (celle avec Joanna aussi, mais j’y reviendrai plus tard). On pourrait croire aux premiers abords qu’il ne veut rien avoir à faire avec cet enfant qu’il rejette au début, sachant pertinemment qu’elle est de lui. Mais Jobs, encore une fois, joue sur les détails, sur ce que personne d’autre ne remarque. Et encore une fois, Fassbender retransmet ce côté mystérieux et visionnaire qui est propre à cet homme, en avance sur son temps et avec un sens de l’esthétisme et du détail unique. Tout est intense avec Jobs, de son travail à ses relations avec ceux qui l’entourent, ce que la gestuelle et les expressions de Fassbender nous transmettent avec justesse.


La seconde grande performance que l’on retient est bien évidemment celle de Kate Winslet. Elle joue le rôle de cette femme qui se retrouve dans l’ombre de l’homme qui mène la barque. Mais sans elle, la barque coulerait, et non pas que financièrement ou professionnellement, car elle sait sur quels boutons appuyer pour le pousser à donner le meilleur de lui-même, principalement en ce qui concerne sa fille. La relation entre Jobs et Hoffman est très intéressante et le fait qu’elle soit réelle et non une fiction, lui donne vraiment une touche spéciale, démontre qu’un homme et une femme peuvent être amis et s’aimer sans qu’il n’y ait rien de plus, comme Joanna le précise. Il existe un vrai dynamisme, une fusion, entre Jobs et Joanna Hoffman, que Fassbender et Winslet nous retransmette avec finesse et fluidité. En effet, il semble y avoir une grande chimie entre ces deux acteurs et j’espère donc les voir à nouveau se partager l’affiche dans le futur.


All in all, c’est un film bien mené, avec un rythme régulier, mais qu’il faut aimer. Je comprends que les avis soient partagés mais j’ai été complètement séduite. On voit Jobs grandir avec son oeuvre, humainement et créativement. Le jeu de caméra est à la hauteur de la vision esthétique de Jobs, avec des plans parfaitement choisis et des jeux visuels qui racontent une histoire, tout comme l’art du patron d’Apple. La scène finale est magnifiquement orchestrée, on a le droit à la musique qui nous fait verser une larme, le petit ralenti suivant le tempo…


Merci, Boyle, Fassbender et Winslet. Et merci Jobs, pour toutes tes révolutions, pour avoir mis 1000 chansons dans ma poche.


P.S: Ah que j'aimerais avoir le pouvoir de Jobs pour faire éteindre les panneaux de sortie de secours dans les salles de cinéma... Fire hazard, comme dirait les américains, mais meilleure expérience cinématographique.

GoLightly
8
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le 10 févr. 2016

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GoLightly

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