De quoi ça parle,déjà?Ah,oui,de la maladie d'Alzheimer!Alice,fringante linguiste quinquagénaire,a de plus en plus souvent des absences et des trous de mémoire.Elle finit par consulter un neurologue qui lui diagnostique un Alzheimer précoce.Adaptation d'un roman de Lisa Genova,le film est coécrit et coréalisé par Wash Westmoreland et Richard Glatzer,qui formaient un couple homo et ont fait quatre films ensemble avant le décès de Glatzer en 2015.Westmoreland a par ailleurs fait ses premières armes dans le porno gay."Still Alice" a une grande qualité,celle de décrire de manière juste et détaillée le cheminement et la progression de cette maladie bien pourrie qui touche de plus en plus de gens,et des terribles effets qu'elle a sur la personne atteinte et son entourage.D'autant qu'il s'agit ici d'une forme précoce de la pathologie,qui affecte donc une femme encore jeune et se révèle d'origine génétique,ce qui induit une possibilité de dégénérescence héréditaire susceptible de se transmettre aux trois enfants d'Alice.La scène où cette dernière annonce tout ça à sa progéniture est à cet égard très intense.Nous assistons donc à la descente aux enfers de cette femme à qui tout réussissait et qui,trahie par son cerveau,voit son monde s'effondrer.Tout est montré sans fard,la lutte pour freiner l'avancée de la maladie,les exercices de mémoire,les médocs,l'angoisse quotidienne face à la perte continue de repères,les mots qu'on ne trouve plus,la désorientation jusque dans sa propre maison,l'impact sur les proches qui gèrent comme ils peuvent,la confusion des lieux et des personnes,la panique et les sautes d'humeur,la nuit qui progresse et s'abat inexorablement dans la tête,la tentation du suicide.Ce processus est irréversible et ne change pas les gens,il les fait carrément disparaître,même s'ils sont là physiquement.Un être humain vit à travers son corps,mais surtout par son esprit.Les Alzheimer perdent ce qui fait leur personnalité,ce qui les relie au monde,leurs connaissances,leurs souvenirs,leurs émotions.Ils ne sont plus que de vagues fantômes en attente de la mort et n'ont plus aucun contrôle sur leurs vies,sombrant dans la dépendance et l'inactivité.Alice dit,avec raison,qu'elle préfèrerait avoir un cancer.Effectivement,la société l'aurait mieux traitée dans ce cas,et elle n'aurait par exemple pas perdu son boulot d'enseignante,qu'elle n'est évidemment plus capable d'assurer.On n'est vraiment pas grand-chose,un petit dysfonctionnement psychologique,et rideau,toute la belle mécanique s'effondre.Par contre,cinématographiquement,c'est très faible.Alice occupe tout l'espace,et les autres personnages sont peu et mal exploités.Par conséquent,on ne croit guère à cette famille intello-bourgeoise dont les membres sont effacés,ce qui crée un déficit d'émotion dans un contexte où elle était nécessaire.Le film est plutôt lent,traîne en longueur avec une réalisation qui manque de nerf,et la temporalité est mal gérée,entre évènements qui s'enchaînent trop vite et moments qui s'éternisent au-delà de ce qu'il faudrait.Ajoutons une musique violoneuse qui surligne l'aspect mélodramatique et des flashbacks vaporeux inutiles,ainsi qu'une interprétation plus que moyenne.Julianne Moore en fait beaucoup et grimace inconsidérément,tandis qu'Alec Baldwin parait bien emprunté en mari aimant et désemparé.Quant à Kristen Stewart,miss "Twilight",elle continue à s'enferrer dans son numéro déjà trop vu de fille rebelle qui fait la gueule.

pierrick_D_
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le 22 févr. 2019

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