Stillwater est un drame efficace qui perd malheureusement de son suspense

Après une première moitié de septembre dense en nouveautés avec des films événements comme le dernier-né des studios Marvel, Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux ou encore l'incontournable Dune de Denis Villeneuve, l'actualité cinéma se calme quelque peu avant de relancer la machine au mois d’octobre avec le prochain James Bond, Mourir peut attendre. D'ici là, c'est l'occasion de découvrir des films plus mineurs à l'image de Stillwater avec l'acteur vedette Matt Damon. On le retrouve dans une production certes moins ambitieuse mais pas dénuée d'intérêt puisqu'on retrouve Tom McCarthy, réalisateur de Spotlight, Oscar du meilleur film en 2016. Alors, ce n’est peut-être pas le film le plus inoubliable dans l'histoire de la cérémonie mais cela n’empêche pas de porter un regard curieux sur ce projet hollywoodien qui prend place à Marseille. Dans les premières minutes, on fait la connaissance du personnage de Matt Damon qui interprète un homme foreur vivant dans l’Oklahoma confronté aux difficultés de son quotidien depuis le suicide de sa femme. On nous présente un homme seul un peu perdu mais très croyant. Par la suite, on apprend que sa fille jouée par Abigail Breslin est incarcérée dans une prison dans la ville française depuis 5 ans suite au meurtre d’une étudiante. Il prend ainsi régulièrement l’avion pour aller voir sa fille. A travers cette introduction, le film prend le temps de se raconter et nous présente les personnages principaux. Ainsi, cet homme va rencontrer une femme campée par Camille Cottin qui va l’aider dans sa quête d’innocenter sa fille. Il faut souligner que l’actrice française n’en finit plus de grimper les échelons ces dernières années en posant ses valises à Hollywood. Déjà présente dans ce long-métrage, on la verra également dans l’un des prochains Ridley Scott, House of Gucci, qui devrait sortir d’ici la fin de l’année. Pour revenir à Stillwater, ce père va se lancer dans les quartiers marseillais afin de mener l’enquête notamment face à la rigidité de la justice qui ne souhaite pas rouvrir l’affaire considérant la culpabilité de sa fille. Il faut souligner que cette relation entre ce père et sa fille est très bien travaillée et ne tombe pas dans les facilités scénaristiques, le talent des deux acteurs y est pour beaucoup. Le metteur en scène, que l’on retrouve également à l’écriture, a décidé de poser sa caméra essentiellement sur cet homme étranger dont les convictions seront confrontées à un environnement qu’il ne connait pas en plus de la barrière de la langue. Hormis cette confrontation de deux cultures, il sera également livré à ses erreurs passés. Finalement, on s’aperçoit au fur et à mesure que le film adopte un point de vue plus intimiste qu'on pouvait le penser et qui cherche avant tout à creuser ses personnages et ne pas miser sur l’action. Il faut dire qu’il y en a très peu dans ce long-métrage qui a été comparé avec Taken pour une raison encore inconnue puisqu’il n’a rien à voir avec le film bourrin avec Liam Neeson. Ici, c’est l’histoire d’un homme sur lequel la caméra reste focalisée, Matt Damon est tout simplement omniprésent dans ce long-métrage. Cette volonté efface quelque peu l’enquête, qui manque de densité avec un traitement un peu trop léger. On aurait aimé par exemple que les auteurs nous montrent davantage le quotidien de cette jeune fille en prison. Au contraire, tout passe par le regard de son père, avec sa fille mais aussi dans sa relation avec cette femme avec laquelle il va évidemment se rapprocher. On pouvait aussi redouter le regard américain sur un Marseille caricatural. Si le film ne peut s’empêcher de tomber dans certains clichés, il ne fait globalement pas l’erreur d’exploiter certaines facilités et sa retranscription de la ville française est plutôt fidèle. Impossible de ne pas évoquer cette séquence au stade Vélodrome dans lequel on retrouve Matt Damon, si ce passage est forcé afin de faire avancer l’intrigue vers le dénouement final, elle témoigne d’un respect sincère du décor dans lequel le réalisateur insère son intrigue. Stillwater constitue finalement un film sur un homme qui prend le temps de creuser son personnage et le fait habilement par une écriture soignée mais il met parfois de côté l’aspect enquête qu’on aurait souhaité plus présent pour vraiment instaurer un suspense efficace.