Dans la vie rien n'est gratuit, sauf la violence évidemment.


Un bon vieux natif de l'Oklahoma nourri aux burgers et aux valeurs de la bannière étoilée, ouvrier volontaire et fervent croyant à table, tente de faire libérer sa fille, étudiante exilée à Marseille et accusée du meurtre de sa coloc. Un pitch aux allures de fantasme franchouillard mais qui est bel et bien né de l'imagination fertile de Tom McCarthy, auteur de l'Oscarisé Spotlight, qui a su bien s'entourer pour mettre à bien ce drame violent que l'on croirait mis en scène par Audiard.


Épaulé par Marcus Hinchey (Come Sunday) et surtout les Français Noé Debré (Le Fidèle) et Thomas Bidegain (fidèle scénariste d'Audiard d'ailleurs), McCarthy nous plonge dans la réalité marseillaise, à croire qu'il en est natif tant tout semble concret : exit la carte postale, on est dans les rues sales, les cités sans pitié, les bistrots chaleureux, les matchs bruyants au Vélodrome, les ruelles mal éclairées des Réformés, la vraie Marseille. Ce réalisme accru nous transporte dans une virée cauchemardesque pour cet Américain désemparé par l'hostilité et la barrière de la langue, mais une virée également touchante, le long-métrage n'hésitant pas à nous proposer autre chose qu'un banal thriller d'action comme l'ont pu être les Transporteur.


Matt Damon, bouffi et presque méconnaissable, bluffe, se plonge avec une justesse oubliée dans la peau de cet anti-héros aux allures de Popeye Doyle, nous gratifiant d'une performance inoubliable dans du cinéma-vérité bien entendu mensonger. Ses partenaires Camille Cottin et la jeune Lilou Siauvaud appuient fort la délicatesse qui émane d'un film dur, sec comme le bitume, aux antipodes des plages ensoleillées et des Bronzés dégomment le Bescherelle que le "Reste du monde" a l'habitude de voir. On pinaillera sur deux/trois facilités d'écriture et sur un anglais tout de même bien acquis et assez mensonger de la populace française (on est pas dans un Besson mais presque) mais l'ensemble est tellement revigorant, osé pour un film américain de cette trempe, sincère et virulent dans sa thématique, que l'on fermera les yeux pour profiter du spectacle.


La plongée n'est toutefois pas en apnée. Pas assez radical dans son récit, qui se délite par instants, mais néanmoins décemment tranchant et terre à terre pour s'imposer, Stillwater reste une œuvre cinglante, dramatique et réfléchie, qui aurait peut-être pu bénéficier d'un traitement encore plus (toujours plus) sombre et désespéré, chose qu'elle est toutefois déjà suffisamment.


Labor omnia vincit.

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le 9 août 2021

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